La direction de l’Office national des forêts (ONF) et les syndicats ont « rétabli » le dialogue ces dernières semaines, après des mois de tensions, a-t-on appris auprès du nouveau directeur général de l’ONF, ce que corrobore son premier syndicat.
« Le dialogue est rétabli », a indiqué dans un entretien à l’AFP le directeur général par intérim de l’office, Jean-Marie Aurand. Après le départ surprise mi-janvier de son prédécesseur, Christian Dubreuil, sur fond de climat social dégradé, il avait été nommé pour « assurer le bon fonctionnement de l’office, et également instaurer un dialogue social que je qualifierais de serein, apaisé et constructif, a-t-il noté. J’ai réuni très vite les organisations syndicales représentatives, qu’elles soient du secteur public comme du secteur privé, pour une première prise de contact« , a indiqué M. Aurand, qui s’est attaché à faire fonctionner normalement les instances représentatives » de l’ONF. Des instances dont les organisations syndicales représentant 90% des fonctionnaires de l’ONF avaient démissionné depuis septembre 2017, avant d’y siéger de nouveau mi-février, a confirmé Philippe Berger, membre du bureau national du Snupfen-Solidaires, premier syndicat de l’office. Pour autant, le syndicat « attend de voir ce que va donner le travail » des inspecteurs mandatés pour auditer l’ONF. Car comme l’a rappelé M. Aurand, l’office, « depuis maintenant plusieurs années, connaît une situation financière tendue, qui s’explique par divers facteurs », notamment une baisse du prix du bois et une augmentation des charges. En conséquence, le gouvernement a lancé fin novembre une mission interministérielle d’évaluation du contrat d’objectif et de performance (COP) de l’ONF, qui doit rendre ses conclusions fin mars. Dans un courrier dont l’AFP avait eu copie, elle relevait « des pertes récurrentes et un niveau croissant d’endettement » de l’office public. « Pour 2018, le bilan n’est pas tout à fait définitif encore, mais incontestablement, la situation financière s’est plutôt améliorée, a indiqué M. Aurand, évoquant un petit déficit en 2018, mais un déficit en recul ». Une amélioration imputable selon lui à deux facteurs : des ventes de bois « relativement bonnes, parce que les prix se sont tenus, notamment le prix du chêne, mais aussi les prix des résineux, ainsi qu’une maîtrise des charges, notamment salariales, qui représentent quelque 476 millions d’euros soit environ 56% du budget total de l’établissement. Cette démarche s’est traduite notamment par la décision en fin d’année de « geler » 600 postes sur deux ans, c’est-à-dire de « ne pas renouveler intégralement » les départs en retraite, le temps que la mission d’audit du gouvernement rende ses conclusions, selon M. Aurand. Le Snupfen, qui dénonçait ces derniers mois une privatisation rampante de l’ONF, ne se montrait pas plus rassuré mardi. « Les organisations syndicales ne peuvent pas bien sûr valider, soutenir les gels d’emploi, chacun est dans son rôle, mais on a avancé sur beaucoup de sujets », a fait valoir M. Aurand. Il a indiqué avoir, à la demande des représentants syndicaux, « suspendu » certains projets de réorganisation. Il a en revanche battu en brèche les craintes de privatisation de l’office: « On peut exprimer des craintes, chacun est dans son rôle, mais à ce stade, en tout cas, ce sont des spéculations sans aucun fondement à ma connaissance », a-t-il déclaré, ajoutant ne pas savoir ce que préconisera la mission. L’ONF, doté d’un budget annuel d’environ 850 millions d’euros, emploie quelque 9.000 personnes, dont les deux tiers sont des fonctionnaires ou des contractuels de droit public.