Quelques centaines de manifestants anti et pro-chasse à courre ont défilé samedi 30 avril dans les rues de Rambouillet (Yvelines), séparés par un important dispositif policier pour éviter tout débordement.
Les autorités ont dénombré 200 participants dans le cortège emmené par le collectif Abolition de la vénerie aujourd’hui (Ava) et 400 dans la contre-manifestation des défenseurs de la « ruralité », a indiqué à l’AFP le sous-préfet de Rambouillet Michel Heuzé. Toute la matinée, quelque 80 policiers ont quadrillé le centre de la coquette ville de 25.000 habitants, ancienne résidence royale, pour éviter que les manifestants des deux bords ne se croisent. La saison de la chasse à courre, qui prend fin ce week-end, ayant été marquée par des incidents entre veneurs et opposants de l’Ava, le maire (LR) Marc Robert avait demandé l’interdiction des manifestations. En vain. Chaque cortège revendiquait samedi son « pacifisme ». « C’est un rassemblement festif pour fêter la fin de la saison » de chasse à courre, a déclaré le président de l’Ava, Michel Camboulives. « On veut montrer qu’il existe une opposition à cette pratique certes traditionnelle mais cruelle et barbare », a-t-il ajouté. Serre-têtes surmontés de bois de cerf, déguisements d’animaux et pancartes « Veneurs, notables sanguinaires »: les anti-chasse ont défilé précédés d’un groupe de percussions. A quelques rues de là, la contre-manifestation a marché au son des trompes de chasse. Gilets jaunes et parkas camouflage des chasseurs au fusil côtoyaient les vestes matelassées ou en tweed des veneurs. « Ca devient insupportable qu’on ait des groupes ‘anti-tout’ qui viennent tuer les racines françaises », a dit à l’AFP Marc-Antoine D’Aymery, secrétaire de l’équipage de Bonnelles-Rambouillet, qui compte une soixantaine de membres. Trompe de chasse à l’épaule et traditionnel gilet bleu orné de galons, il dénonce l’action des militants qui « perturbent les chasses » alors que « nous sommes dans notre droit ». Des militants du collectif Ava se rendent chaque semaine en forêt pour tenter de sauver le gibier et filmer des scènes qu’ils jugent choquantes. Chaque camp dit avoir été victime de violences. Dans une rue pavée de Rambouillet, une commerçante fait mine de vomir au passage des manifestants pro-chasse à courre. Pourtant, assure Sara à l’AFP, elle n’est « ni pour un camp ni pour l’autre ». « Il y a trop d’extrémistes des deux côtés. Les Ava se mettent en danger et les autres sont dans leur délire… On est quand même en 2019 ! » En France, 10.000 personnes pratiquent la chasse à courre au sein de 390 équipages, pour un total d’1,2 million de chasseurs.