La future réforme de la chasse pourrait inclure une baisse du prix du permis et une gestion plus « pragmatique » des espèces chassables, un sujet sensible pour les écologistes qui réclament aussi des mesures contre certaines pratiques qu’ils considèrent comme cruelles.
Le ministère de la Transition écologique prépare « deux ou trois scénarios de réforme, pour améliorer l’accessibilité à la pratique de la chasse et permettre une meilleure répartition des rôles entre chaque acteur », a indiqué dans le Figaro le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu. Premier axe de ces pistes qui seront présentées au président et au Premier ministre courant juin: le prix du permis national qui permet de chasser sur tout le territoire. Il n’est possédé que par environ 10% des quelque 1,2 million de Français qui pratiquent la chasse, selon la Fédération nationale des chasseurs (FNC). Aujourd’hui de 400 euros, il sera diminué, a indiqué M. Lecornu, sans autre précision. Emmanuel Macron, qui a plusieurs fois exprimé son soutien à la pratique de la chasse, notamment en se disant favorable à la réouverture des chasses présidentielles, avait donné en février son feu vert à une réflexion sur cette baisse. La FNC plaide pour 150 ou 200 euros. « Pourquoi pas. Mais ce qui nous paraît important, c’est le renforcement des conditions de remise du permis », a insisté Sandrine Bélier, directrice de l’ONG Humanité et Biodiversité, demandant notamment une formation des chasseurs sur les espèces protégées et des tests de tirs et de vue. Deuxième axe de la réforme, la gestion de la liste des espèces chassables, qui compte aujourd’hui une soixantaine d’oiseaux et mammifères, de la gélinotte des bois à l’oie cendrée en passant par le blaireau et le sanglier. « Il faut remettre les scientifiques au coeur du dispositif pour remettre du bon sens dans la gestion des prélèvements et faire preuve de pragmatisme. Certaines espèces sont en situation très préoccupante, d’autres vont mieux, voire sont en surnombre au point de créer des dégâts agricoles », a déclaré Sébastien Lecornu.
Avec cette « gestion adaptative », pour chaque espèce « quand ça va bien, on augmente (les quotas de chasse) pendant un an, deux ans, trois ans, quand ça va mal, on resserre. Mais on ne reste pas figé », a expliqué le conseiller politique de la FNC Thierry Coste. « Le système aujourd’hui n’est pas satisfaisant, ni pour les chasseurs ni pour la biodiversité, mais il faudra trouver un équilibre pour cette gestion qui doit aller dans les deux sens, a commenté Sandrine Bélier, réclamant des expertises indépendantes et transparentes ».
« Tant qu’on n’aura pas un retour sur les prélèvements (des chasseurs) avec rigueur et contrôle, on ne peut absolument pas imaginer une gestion adaptative, affirme de son côté le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Allain Bougrain-Dubourg, regrettant une démarche qui va dans le sens » des chasseurs. Pour lui, cette gestion adaptative devrait « s’en tenir exclusivement » à la liste actuelle dont devraient être immédiatement sorties toutes les espèces jugées menacées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), comme la tourterelle des bois.
Le gouvernement réfléchit d’autre part à une « consolidation » de la police rurale, pour contrôler les prélèvements des chasseurs mais aussi « les dépôts d’ordures ou la qualité de l’eau », selon Sébastien Lecornu. Une idée qui nécessitera des moyens financiers, notent chasseurs et ONG. En revanche, le secrétaire d’Etat n’évoque pas la question de la condition animale. « Tout ce qui est pratiques récréatives et cruelles, c’est l’occasion de le mettre dans la balance », a souligné Sandrine Bélier qui comme d’autres militants réclame l’interdiction de la chasse à courre ou de la chasse à la glu qui consiste à enduire des branches où viennent se poser des oiseaux. « Il y a des chasses traditionnelles qui sont acceptées par l’Etat français et l’UE, celles-ci on n’y touche pas, point », a répondu Thierry Coste. La FNC va toutefois proposer, a-t-il indiqué, une réforme de la chasse à courre pour qu’un animal qui entrerait dans un village ou une zone urbaine soit « gracié » et ramené en forêt.