Onze chasseurs landais d’ortolans, une chasse traditionnelle interdite pour laquelle Nicolas Hulot a récemment réclamé « aucune tolérance », ont comparu jeudi en appel à Pau, une audience coïncidant avec la saison de la chasse de ce passereau.
La chambre correctionnelle de la cour d’appel de Pau examinait les condamnations prononcées fin 2016 à Mont-de-Marsan à des amendes de 1.000 euros, en partie fermes, et des retraits provisoires de permis de chasse aux chasseurs, âgés de 61 à 84 ans. L’avocat général Richard Pineau a demandé la « confirmation du jugement de première instance », mais suggéré à la cour de « s’interroger » sur le retrait de permis, une mesure « lourde de conséquences » avec obligation de le repasser. Les débats à l’audience ont surtout tourné autour de la « tolérance » préfectorale pendant des années –moyennant un nombre limité de pièges et de prises– à l’égard de cette chasse historique, pratiquée avec une « matole », (petite cage permettant de capturer les oiseaux vivants). « L’administration en 2015 a changé son fusil d’épaule (…) elle a décidé depuis deux ans que la loi était la loi et qu’elle devait s’appliquer », a rappelé l’avocat général. « En 2015, les choses ont changé sans qu’ils (les chasseurs) en soient avertis. Ils ont été verbalisés, au contraire de 2013 et 2014. Ce sont les dindons de la farce », a plaidé pour la défense Me Frederic Dutin. Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de Protection des oiseaux (LPO) partie civile, était présent à l’audience, à laquelle un groupe de 70 chasseurs –dont des condamnés dans des procédures similaires– accompagnaient les onze. L’avocat de la LPO, Me François Ruffié, a balayé à l’audience la notion de tolérance « il n’y a aucun écrit réglementaire ou administratif qui (l’)autorise ». Il s’est par ailleurs félicité de la « stratégie de coordination des parquets », qui voit plusieurs affaires de chasse à la matole jugées (une autre est prévue fin septembre) en pleine saison de cette chasse, en guise de mise en garde. Selon lui, la lutte de la LPO contre le braconnage d’ortolans est un « succès total », car les constatations sur le terrain suggèrent qu’ « il n’y a plus de matoles ». Il s’est aussi félicité « d’une position claire » de Nicolas Hulot sur le sujet. La France a été avertie à plusieurs reprises par Bruxelles, et renvoyée devant la Cour de justice européenne, pour la persistance de la chasse à l’ortolan, espèce protégée, à la population en déclin de 20 à 30% entre 2000 à 2014, selon une étude scientifique de 2016. Le délibéré sera rendu le 15 octobre.