Un sondage réalisé auprès des Européens par la société d’études de marché et d’opinion YouGov montre que la majorité des répondants sont contre l’accord commercial du Mercosur tant que la déforestation de l’Amazonie brésilienne demeure aussi importante.
L’accord du Mercosur est un accord commercial de grande ampleur entre l’Union Européenne et le bloc sud-américain du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay). S’il était ratifié, cet accord aurait une valeur de 19 000 milliards de dollars américains. Seulement, l’implication des pays du Mercosur, en particulier le Brésil, dans la déforestation de l’Amazonie est un obstacle de taille à la conclusion de l’accord. La France, les Pays-Bas, l’Autriche et la région Wallone de Belgique ont annoncé qu’ils ne signeraient pas tant que le bilan environnemental des pays du Mercosur ne serait pas plus positif. L’Irlande et le Luxembourg sont également réticents. Un nouveau sondage réalisé par la société d’études de marché et d’opinion YouGov montre que la population européenne, elle aussi, désapprouve la ratification de cet accord.
YouGov a interrogé un panel de 12 703 européens. En moyenne, 75% des répondants, âgés de 18 ans et plus dans 12 pays européens (France, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Portugal, Allemagne, Royaume-Uni, Norvège, Suède, Danemark, Finlande et Autriche), estiment que leurs gouvernements devraient suspendre la ratification de l’accord de libre-échange au moins tant que la déforestation de l’Amazonie brésilienne n’est pas stoppée. Seulement 12 % des sondés souhaitent que l’accord soit mis en place, malgré l’intensification de la déforestation en Amazonie. Les Portugais, dont le gouvernement est un des seuls à avancer tête baisser vers la ratification de l’accord sans que des mesures de protection de l’environnement soient mises en place, sont les plus frileux. 85% d’entre eux y sont opposés. Le public d’autres pays s’est montré tout aussi favorable à l’arrêt de la déforestation de l’Amazonie avant l’approbation de l’accord UE-Mercosur : Royaume-Uni (79 %), France (78 %), Pays-Bas et Espagne (77 %), Belgique (76 %), Allemagne et Autriche (75 %), Danemark (73 %), Finlande, Norvège et Suède (69 %).
Par groupe d’âge, les répondants âgés de 55 ans et plus sont les plus nombreux à désapprouver la ratification de l’accord commercial sans protection de l’Amazonie (79 %), suivis des personnes âgées de 35 à 54 ans (74,7 %) et de celles âgées de 18 à 34 ans (70,4 %). L’enquête, commandée par le bureau norvégien de l’Association Pour La Forêt Vierge, a également demandé aux personnes interrogées d’indiquer dans quelles mesures relatives au changement climatique et à la biodiversité il fallait investir en priorité. La mesure la plus populaire est la protection des forêts tropicales (57 %), suivie par les énergies renouvelables (46 %) et l’adaptation au climat (29 %). « Cette année, plusieurs processus politiques devraient générer un financement à grande échelle pour les mesures relatives au climat et à la biodiversité. Cette opposition évidente du public européen donne aux gouvernements des mandats forts pour s’engager dans un financement significatif du climat et de la biodiversité« , a déclaré Anders Haug Larsen, responsable politique du bureau norvégien de l’Association Pour La Forêt Vierge.