Prédateurs : nouveau dispositif d’indemnisation et suspension des constats de dégâts liés à l’ours (2 mn 30)

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Le gouvernement a annoncé mardi 23 juillet la mise en place d’un nouveau dispositif unifié pour indemniser les éleveurs des pertes liées aux attaques de loups, d’ours et de lynx.

Un nouveau dispositif d’indemnisation comportant « un barème unique pour tous les dégâts quel que soit le prédateur« , loup, ours ou lynx, va être mis en place, ont indiqué les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture dans un communiqué commun. Ce barème « sera fixé sur le plus élevé des trois anciens dispositifs d’indemnisation« , précise le document. Le système prévoit d’indemniser les pertes « directes » (les animaux tués lors de l’attaque), comme « indirectes » (pertes de poids des animaux, de lactation liée au stress), ainsi que les bêtes disparues. Ces indemnisations sont conditionnées à la mise en place de mesures de protection des troupeaux contre les prédateurs. « Dans les territoires où la prédation du loup ou de l’ours est constatée depuis deux ans au moins, les éleveurs devront avoir installé des moyens de protection (clôtures, chien de protection ou présence d’un berger) pour pouvoir être indemnisés au-delà de la troisième attaque (…) sauf si le troupeau a été reconnu comme non-protégeable« . [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]

Avec ce nouveau dispositif, le gouvernement veut à la fois « assurer la viabilité des populations de grands carnivores » et soutenir les éleveurs. Classés sur la liste rouge de l’Union internationale de la conservation de la nature (UICN), ces prédateurs sont menacés en France. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre du plan loup adopté début 2018 et de la feuille de route sur les ours, récemment présentée. Les loups, qui comptent désormais une population de 530 adultes en France, se concentrent dans les Alpes, le Sud-Est et l’Est. Leur présence est combattue par les éleveurs qui dénoncent les attaques contre leurs troupeaux. En 2018, 3.674 attaques ont ainsi eu lieu contre plus de 12.500 animaux, principalement des ovins. En ce qui concerne les ours, une quarantaine d’individus ont été décomptés dans les Pyrénées françaises en 2018, un chiffre en baisse par rapport aux 46 de 2017 qui pourrait être sous-évalué. Afin de mieux concilier l’activité des éleveurs avec la présence de l’ours, le gouvernement a présenté en juin une série de mesures jugées « insuffisantes » par les éleveurs mais dénoncées par les ONG.

S’agissant des ours, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a par ailleurs décidé mardi 23 juillet de suspendre la réalisation des constats de dégâts dans deux vallées de l’Ariège tant que la sécurité de ses agents, menacée par les anti-ours, n’est pas assurée. « La situation reste assez inquiétante pour nous » en Ariège, a indiqué à l’AFP à Toulouse le délégué régional de l’Office Nicolas Alban, après plusieurs incidents et menaces visant les agents de l’Office, notamment l’incendie le 17 juillet d’un véhicule de l’ONCFS en Haute-Ariège, un acte qualifiée d' »irresponsable » par la préfète Chantal Mauchet. « Cela a fait l’objet de discussions et d’évaluations. Le directeur général de l’ONCFS a décidé de suspendre la réalisation des constats de dégâts liés à l’ours dans les zones où les conditions de sécurité ne sont pas réunies, c’est-à-dire les vallées d’Aston et de Vicdessos près des frontières de l’Andorre et de l’Espagne. » Ces constats permettent aux éleveurs d’être indemnisés. Fin juin, des élus et éleveurs de l’Ariège avaient réclamé que l’Etat retire des ours dans la zone après la mort de plus de 250 brebis tombées d’une crête dans le massif de l’Aston suite, selon la préfecture, à la présence d’un ours. La suspension de l’ONCFS durera « jusqu’à ce qu’on ait l’assurance d’un retour à un climat apaisé, a poursuivi M. Alban, toutes les autres missions de l’Office continuent sur cette zone« , comme dans le reste du département, où les opposants à la présence de l’ours sont particulièrement virulents. « A ma connaissance, c’est la première fois qu’on en arrive là, c’est tout à fait regrettable. Ca ne rend pas service aux éleveurs. Mais c’est une question de sécurité. On travaille actuellement pour rétablir un climat apaisé« , a conclu le délégué régional. La suspension de certaines activités de l’Office en Ariège intervient le jour où le gouvernement a annoncé la mise en place d’un nouveau dispositif unifié pour indemniser les éleveurs des pertes liées aux attaques de loups, d’ours et de lynx.

Il comporte « un barème unique pour tous les dégâts quel que soit le prédateur« , loup, ours ou lynx, ont indiqué les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture dans un communiqué commun. Les tensions sont vives ces derniers mois entre les partisans d’un retrait graduel d’ours dans les Pyrénées et ceux plaidant pour un renforcement de la protection des troupeaux. La population d’ours dans le massif pyrénéen est estimée actuellement à plus d’une quarantaine de spécimens. Et le 20 juillet, les opposants à la présence des ours dans le massif pyrénéen se sont fait entendre à la veille de l’étape ariégeoise du Tour de France, à Foix Prat d’Albis. « Le pastoralisme est menacé par l’introduction d’ours slovènes, population qui ne cesse d’augmenter et devient hors de contrôle« , a alerté la FDSEA de l’Ariège, par la voix de son président Jacques Hato. « Avec 48 ours répartis sur 11 communes ariégeoises, les dégâts causés par ces prédateurs augmentent de façon exponentielle: + 25 % de dossiers de dommages d’ours par rapport à la même date l’an passé« , a détaillé la FDSEA. « L’anéantissement de l’élevage de montagne aurait des conséquences désastreuses, insoupçonnées pour nos territoires, mais totalement occultées par l’Etat« , selon lui.

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