Le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) a présenté son rapport sur la réhabilitation de l’étang de Berre et s’est notamment positionné contre la réouverture, demandée par des élus, du tunnel du Rove, qui permettait de relier la rade phocéenne à l’étang.
« La mission conseille de prendre acte de ces données scientifiques récentes et d’abandonner le projet de création d’un refoulement d’eau de mer traversant l’effondrement du tunnel du Rove »,indiquent les experts mandatés en 2017 par Nicolas Hulot lorsqu’il était ministre de la Transition écologique. Notamment car ce projet, qui coûterait 300 millions d’euros, n’aurait que des « effets réduits (…) sur l’écosystème de l’étang de Berre ». Quelques mois auparavant, Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement, avait annoncé son intention de relancer ce projet, alors en suspens depuis 15 ans. Depuis des années était envisagée la réouverture du tunnel du Rove, qui, percé sous la chaîne de l’Estaque, permettait de relier la rade phocéenne à l’étang, jusqu’à sa fermeture en 1963 après un effondrement. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Objectif: réalimenter l’étang en eau de mer et ainsi améliorer sa qualité et sa salinité. Au total, plus d’une dizaine d’autres solutions ont été étudiées par les experts qui ont présenté leur rapport vendredi pour « réhabiliter » l’étang de Berre, la seconde plus grande étendue d’eau salée d’Europe, a déclaré lors d’une conférence de presse Nicolas Forray, du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD). Ils proposent de limiter à « 48.000 tonnes par an », contre 60.000 aujourd’hui, la quantité de sédiments qu’EDF peut rejeter et de « mieux traiter les eaux usées et pluviales pour faire rentrer moins de nutriments ». Mais surtout, « il faut trouver un maître d’ouvrage à tout ça », a poursuivi M. Forray. En effet, l’État pourrait financer certaines installations mais n’assurera pas leur fonctionnement. « Une concertation sera menée par le préfet jusqu’en décembre 2019 (…) afin de présenter au ministre (de l’écologie) une liste de solutions », a précisé Fabienne Ricard de la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN). Un plan d’action sera ensuite défini durant le « premier trimestre 2020 ».Depuis plusieurs dizaines d’années, l’étang de Berre souffre « d’eutrophisation », un phénomène qui appauvrit l’eau en oxygène à cause d’un niveau excessif de sédiments et de végétaux dans l’eau.
L’étang de Berre et les milieux associés constituent l’une des plus grandes lagunes européennes. Il fait partie des 479 masses d’eau à zone morte dans le monde1, au chevet desquelles les scientifiques se penchent pour comprendre les interactions entre paramètres physiques, chimiques et biologiques et essayer de suggérer des solutions. Les évolutions de son aménagement depuis 150 ans ont plusieurs fois fait basculer son état écologique entre masse d’eau quasi marine et étang d’eau presque douce. L’évolution des apports des eaux usées urbaines et industrielles du bassin versant, longtemps non ou peu traitées, puis les apports d’eau douce par l’usine hydroélectrique EDF de Saint-Chamas avec leurs très fortes variations quotidiennes et des volumes globaux considérables ont désorganisé l’écosystème. Les alertes des élus et riverains, la décision de la Cour de justice des communautés européennes ont fait évoluer la gestion des apports d’eau douce. Des efforts de réduction des rejets urbains et industriels ont aussi été réalisés.
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