Dauphins : hécatombe en Australie, indignation en France

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Cent trente-cinq dauphins-pilotes sont morts échoués vendredi sur une plage australienne, où les secours s’acharnaient pour tenter de repousser vers le large les survivants.

C’est un pêcheur qui a donné l’alerte à l’aube après l’échouage massif de 150 de ces globicéphales tropicaux, mammifères marins au front volumineux, dans la baie d’Hamelin, dans l’ouest de l’Australie. Les autorités craignaient que les dépouilles n’attirent les requins.  Le département des parcs et de la faune sauvage de l’Etat d’Australie-Occidentale a expliqué que ses personnels tentaient d’assurer la survie  des 15 dauphins-pilotes n’ayant pas péri. « La plupart des cétacés se sont échoués sur la terre ferme durant la nuit et n’ont pas survécu », a déclaré Jeremy Chick, un responsable de ce service. Les secours étaient dans l’attente de renforts et d’équipements pour tenter de sauver les survivants, a-t-il ajouté. « Le vent, et la pluie éventuelle, vont déterminer le moment et l’endroit où nous allons tenter de les remettre à l’eau. De même, la force des animaux va compter. L’objectif principal c’est d’assurer la sécurité du personnel et des volontaires et de donner de plus grandes chances de survie aux dauphins ».

Les globicéphales tropicaux, qui vivent dans les eaux tropicales et subtropicales, se déplacent souvent en groupe et quand ils s’échouent, ils le font généralement en masse. Les raisons de ces échouages sont encore inconnues. Il existe de multiples théories à ce sujet, topologie des côtes, possibilité que les cétacés répondent à des appels de détresse ou simplement l’effet de suivi. L’échouage le plus important en Australie est survenu en 1996 lorsque 320 globicéphales noirs se sont retrouvés sur la place à Dunsborough. Seuls vingt cétacés avaient survécu.

En France, la LPO tire la sonnette d’alarme pour que cesse enfin la destruction de milliers de cétacés par certaines pratiques de pêche professionnelle. Chaque semaine depuis le mois de février dernier, les marées ramènent sur les plages du golfe de Gascogne les cadavres blessés et mutilés de dauphins. La plupart d’entre eux (jusqu’à 70% selon PELAGIS CNRS), portent les marques de la pêche professionnelle, trous de gaffes, mutilations, blessures par outils coupant utilisés par les pêcheurs pour extraire les dauphins morts ou vivants des filets dans lesquels ils sont pris.

Ces 3 dernières années, le nombre d’échouages de Dauphins communs morts (Delphinus delphis) a explosé. En 2017, ce sont environ 4000 dauphins qui ont été tués (source PELAGIS CNRS). La tendance est la même pour 2018 à cause des chaluts pélagiques et autres sennes qui capturent les cétacés dans d’immenses filets mortifères. « Face à ces massacres qui durent depuis maintenant plus de 25 ans, l’État français a « vivement » réagi face à cette hécatombe en… créant une commission en 2017 ! ironise la LPO. Cela ne suffira pas à stopper l’hécatombe qui perdure sous nos yeux tous les jours. La LPO exige dans les meilleurs délais :

  • que l’État remplisse son obligation d’établir et de transmettre chaque année à la Commission Européenne la réalité de la mortalité des petits cétacés ;
  • qu’il mette en place un contrôle efficace en mer des pratiques mortifères avec la présence systématique  d’observateurs embarqués ;
  • le redémarrage des recherches abandonnées en 2009 sur les techniques qui permettent de supprimer les captures de petits cétacés ;
  • le classement en réserve naturelle de l’intégralité du plateau de Rochebonne  (ZPS et ZCS Natura 2000) afin d’y protéger ses habitats récifs, frayères de Bars, et différentes espèces de dauphins ;
  • que, par la même occasion, il interdise la pêche des Bars (Dicentrarchus labrax) sur leurs lieux de frayères en pleine période de reproduction, ce qui est un non-sens écologique en soi, qui multiplie les captures de dauphins ».