La France appelle à la mobilisation contre la peste porcine africaine (3 min)

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Alors que deux cas de peste porcine africaine ont été détectés sur des sangliers en Belgique, la France, toujours indemne de la maladie, veut tout faire pour protéger les élevages.

La confirmation de deux cas de peste porcine africaine sur des sangliers en Belgique a conduit jeudi le ministère de l’Agriculture français à demander « une mobilisation immédiate pour protéger (les) élevages» porcins, menacés par un virus sans vaccin, ni traitement. La confirmation de la présence de ce virus, qui ne touche que les porcs et les sangliers, sur la commune wallonne d’Etalle, à une dizaine de kilomètres de la frontière française, « constitue une progression inédite de la maladie qui exige une réponse à la hauteur des enjeux économiques considérables pour les filières agroalimentaires françaises», a affirmé le ministère dans un communiqué. Le ministre français de l’Agriculture, Stéphane Travert, a souligné avoir demandé la mise en place immédiate d’un plan d’action renforcé contre la peste porcine africaine (PPA) auprès des préfets des Ardennes, de la Meuse, de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle, départements frontaliers de la Belgique. Ce plan prévoit sur ces quatre départements « des mesures de zonage, de restrictions de certaines activités comme la chasse et de surveillance renforcée des élevages et de la faune sauvage» ainsi que « le renforcement des mesures de biosécurité pour éviter l’introduction du virus dans les élevages porcins et des mesures de surveillance en abattoir ». Le ministère a rappelé que « l’entrée de toute personne dans une exploitation agricole ne doit s’effectuer qu’après autorisation préalable des éleveurs et dans le respect de toutes les mesures d’hygiène et de biosécurité requises». La peste porcine africaine, non contagieuse pour l’homme, « se transmet d’un animal à un autre mais peut également se disséminer par des mouvements de véhicules, de personnes en provenance de zones infectées ou par l’intermédiaire de denrées alimentaires», a précisé le ministère. Côté belge, « la situation est prise très au sérieux par les diverses autorités et niveaux de pouvoir en Belgique et les mesures sont minutieusement mises en place et suivies», a indiqué l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, dans un communiqué. « Le Service Public de Wallonie (SPW) prépare les mesures de nature à éviter au maximum la dispersion des sangliers à partir de la zone infectée ainsi que les dispositions relatives à la chasse», poursuit l’organisme. « Le Département Nature et des Forêts a renforcé d’ores et déjà les procédures de vigilance et d’observation», ajoute l’agence, expliquant que ce sont les mesures de veille de terrain qui ont permis « la mise en évidence de cas suspects au niveau de quelques sangliers morts».

Les dernières contaminations en Europe pourraient d’ailleurs « être la conséquence d’introduction de restes de denrées alimentaires abandonnés par des voyageurs en provenance de zones infectées» plus à l’Est, ont expliqué les autorités compétentes à l’agence de presse belge. L’annonce de la propagation de ce virus aux portes de l’Hexagone survient peu après plusieurs alertes lancées par le milieu agricole. A la fin du mois d’août, la présidente du principal syndicat agricole français FNSEA, Christiane Lambert, s’était inquiétée des risques de transmission dans les fermes de la peste porcine africaine, déjà présente en Europe de l’est, d’où certaines sociétés de chasse importent des sangliers pour leurs élevages de gibier. Dans la foulée, les éleveurs porcins avaient également tiré la sonnette d’alarme jeudi dernier sur les risques de propagation en France et en Europe de l’ouest du virus, qui touche huit pays d’Europe de l’est (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République Tchèque, Roumanie), la Russie et la Chine. « La situation est préoccupante, nous sommes en France dans une zone de risque majeur», avait estimé le président de la Fédération nationale porcine (FNP), Paul Auffray, lors d’une conférence de presse à Paris. « Nous regrettons l’inertie de prise de décision des pouvoirs publics français et européens sur ce sujet et le manque de stratégie européenne pour tenter de repousser le front de la maladie, alors que nous alertons sur le risque depuis plusieurs années», avait également dénoncé la FNP dans un document interne.