Trois députés des Pyrénées-Atlantiques ont signifié au préfet leur opposition ou leurs réserves sur la réintroduction de deux ourses dans le département, souhaitée pour assurer la pérennité de l’espèce par le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot.
Le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Gilbert Payet, avait invité lundi soir les six députés du département pour évoquer cette réintroduction d’ours femelles, mais aussi d’autres enjeux agricoles (zones défavorisées simples, équipement des territoires ruraux, etc.). Concernant l’ours, « le préfet nous a présenté lundi les enjeux. C’est une réunion dite de concertation. Il souhaite ouvrir le dialogue avec tout le monde, donc il a commencé par nous », a expliqué à l’AFP Jean-Paul Mattei, député MoDem, reçu avec deux autres députés, Jean Lassalle (non inscrit) et David Habib (PS). Selon la préfecture, cette rencontre était « une réunion parmi d’autres et ne marque pas à proprement parler le lancement de la concertation sur l’ours, qui a déjà débuté et se tient de façon continue, un peu informelle ». « A priori, je suis très réservé sur la réintroduction de l’ours. Je me pose la question sur la pertinence de la mesure mais je suis quand même dans une position d’écoute, de peser le pour et le contre, a dit M. Mattei. Est-ce que c’est vraiment déterminant d’introduire des ours alors qu’il y en a déjà en Ariège?, s’est-il interrogé, assurant ne pas avoir connaissance d’un député vraiment pour cette mesure dans le département. Ce n’est pas bon de prendre une décision qui va vraiment crisper le territoire », a conclu M. Mattei. Contrairement à d’autres élus du département, il ne participera pas à la manifestation d’opposition à la réintroduction d’ours à Pau le 30 avril, qui doit attirer également des militants d’Ariège, des Hautes-Pyrénées et de Haute-Garonne.
Fin mars, Nicolas Hulot avait annoncé qu’il souhaitait « engager la réintroduction de deux ours femelles dans les Pyrénées-Atlantiques à l’automne », car il ne reste que deux mâles dans ce département, dont le fils de « Cannelle », la dernière représentante de l’ours de souche des Pyrénées, tuée par un chasseur en 2004. Après une réintroduction en 1996-97 de trois ours slovènes non loin de la frontière avec l’Espagne, puis de cinq autres en 2006 (dont un est mort), le nombre d’ours dans les Pyrénées est évalué à 39. Mais la grande majorité ont été recensés dans le centre du massif, et seuls deux mâles vivraient dans les Pyrénées occidentales. La réintroduction de l’ours suscite de vives réactions dans le monde pastoral surtout en raison d’attaques de troupeaux attribuées aux plantigrades. Selon la Confédération paysanne, 1.200 « victimes » leur sont imputables en 2017.