Alors que l’Espagne vient de protéger un important couloir marin au large de ses côtes, une étude développe le degré d’efficacité des aires marines protégées en fonction de leur niveau de réglementation.
L’Espagne a créé une nouvelle aire marine protégée au large de ses côtes. Afin de répondre à l’objectif de développement durable (ODD) de préserver au moins 10% de ses zones côtières et marines d’ici 2020, elle a identifié un couloir marin de 1350 km de long et de plus de 46 000 km2, utilisé comme voie migratoire par beaucoup de cétacés, dont environ 3500 rorquals communs, des dauphins bleus et des baleines à bosse. Les activités humaines en mer, tels que la pêche, le transport maritime et l’exploitation des hydrocarbures, y seront régulées. Concernant les ODD, la Méditerranée ne s’est pour l’instant dotée que de 8,9% d’aires marines protégées. Le Plan d’action pour la Méditerranée (PAM) de l’ONU Environnement soutient leur création en aidant les gouvernements à identifier les zones prioritaires, à mettre en œuvre et contrôler les mesures de protection et à fonctionner en bonne entente avec les différents acteurs de la mer.
Comme pour nuancer l’annonce de la nouvelle aire marine espagnole, la récente publication d’une étude franco-portugaise, impliquant un chercheur du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), a démontré que les aires marines, si elles étaient trop faiblement réglementées, manquaient d’efficacité. « La grande majorité des zones nouvellement établies permettent l’extraction de ressources : il s’agit d’aires partiellement protégées dont l’efficacité demeurait floue jusqu’à présent », indique le CNRS dans un communiqué. Les scientifiques ont regroupé les aires marines protégées par niveaux de protection et ont évalué leur efficacité écologique. L’abondance et la biomasse d’espèces de poissons des aires fortement et modérément protégées augmentent en moyenne de 5,1% et 4,6% annuellement par rapport aux zones non protégées. Mais la performance des aires faiblement réglementées, où la plupart des activités humaines sont autorisées, diffère peu ou pas des territoires non protégés. De plus le CNRS souligne que « les zones modérément réglementées ne sont efficaces écologiquement qu’en présence d’une aire adjacente intégralement protégée. Selon les auteurs, des usages limités et bien réglementés dans les zones de protection partielle ainsi que la présence d’une aire adjacente intégralement protégée sont fondamentaux pour conférer des avantages écologiques à ces territoires. » Les chercheurs concluent en avançant que, dans des « systèmes socioécologiques complexes où une protection complète est difficile à mettre en œuvre », la aires avec des protections partielles peuvent s’avérer efficaces si elles sont de grande envergure, anciennes, adjacentes à une zone entièrement protégée et avec une réglementation bien appliquée.