Une nouvelle étude de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) explique que les oiseaux sont plus impactés par les éoliennes dans les sites Natura 2000.
La LPO a publié le 20 juin l’étude la plus approfondie sur la mortalité des oiseaux due aux éoliennes sur le territoire national. L’association a compilé les données de « 197 rapports de suivis réalisés sur un total de 1 065 éoliennes réparties sur 142 parcs français », indique-t-elle dans un communiqué. L’étude constate d’abord un impact global « relativement faible » et « hétérogène » des aérogénérateurs : « 37 839 prospections documentées ont permis de retrouver 1 102 cadavres d’oiseaux », ce qui a permis d’estimer la mortalité réelle entre 0,3 et 18,3 oiseaux tués par éolienne et par an. Ce chiffre varie toutefois grandement selon les parcs, et la LPO pointe un taux de mortalité direct « au moins deux fois plus importante dans les parcs situés à moins de 1 000 m des Zones de Protection Spéciale », c’est-à-dire les zones Natura 2000. Une constatation logique, puisque ces sites sont souvent protégés pour leurs richesses ornithologiques.
La LPO s’inquiète également du statut de protection et de l’état de conservation des espèces impactées par les éoliennes : « 81% des cadavres retrouvés appartiennent à des espèces protégées ou présentant une préoccupation majeure quant à leur état de conservation« , rapporte-t-elle dans son étude. Ainsi, sur 97 espèces touchées, 75% sont protégées en France, tels que le Faucon crécerellette, le Milan royal, le Milan noir ou le Busard cendré. Nombre d’entre elles « appartiennent à des espèces considérées comme menacées sur la liste rouge française à l’instar du Gobemouche noir, du Bruant jaune, etc. » Les passereaux migrateurs, notamment le roitelet à triple bandeau et le martinet noir, représentent le cortège d’oiseaux le plus impacté par les éoliennes, concurrencés toutefois, « au regard de leurs effectifs de population » par les rapaces diurnes en période de nidification.
Forte de ces constats, la LPO préconise plusieurs mesures pour améliorer le parc éolien français dans le futur. Elle souhaite d’abord qu’un protocole de suivi universel soit élaboré afin de continuer à évaluer l’impact des éoliennes en fonctionnement. Une attention particulière devra être portée aux « espaces vitaux » et aux principales voies de déplacement des migrateurs nocturnes et des rapaces diurnes, par exemple avec l’utilisation de radars ornithologiques et en privilégiant des implantations parallèles aux corridors de migration. Soulignant que les anciens parcs éoliens sont ceux qui se trouvent le plus fréquemment dans des zones Natura 2000, l’étude suggère de ne pas systématiquement remplacer ces éoliennes problématiques, ou alors de les soumettre au préalable à des études d’impact élaborées. Enfin, l’association demande expressément d’interdire la construction de nouvelles éoliennes à l’intérieur ou à proximité des sites Natura 2000. « Les transitions énergétiques ne peuvent s’exonérer de la prise en compte de la biodiversité et sont condamnées à réussir ensemble », conclut Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO, dans le communiqué.