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La population de moineaux parisiens s’effondre. Entre 2003 et 2016, le déclin est de l’ordre de 75%. Pourquoi ? On n’en sait rien.

En 2003, à l’initiative du Centre Ornithologique d’Île-de-France (CORIF) et de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), débutait une enquête visant à suivre l’évolution de la population des moineaux parisiens, au vu du déclin de l’espèce constaté dans d’autres villes européennes, Londres et Hambourg en particulier. Chaque année depuis lors, en début de printemps, environ 50 observateurs bénévoles ont réalisé un protocole d’observation consistant à compter les moineaux durant 10 minutes en un lieu tiré au sort de manière aléatoire. Quatorze années plus tard, alors que l’état des populations du Moineau domestique à Paris paraît si précaire, les deux associations, accompagnées par le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), ont analysé les données issues de cette étude au long cours.

Le résultat est tel que pressenti : la population de moineaux s’effondre. Entre 2003 et 2016, le déclin est de l’ordre de 75%. La raison n’est pas connue. S’il est probable que les rénovations de bâtiments entraînant une raréfaction des cavités où nichent les moineaux et la quasi disparition des friches jouent un rôle, rien n’indique qu’il s’agisse de la cause principale. Les moineaux nourrissent leurs jeunes avec des insectes : est-ce la moindre disponibilité de ceux-ci qui en est responsable ? À Londres, les ornithologues ayant étudié la question n’en sont pas convaincus. La pollution de l’air ? L’idée a déjà été suggérée par certains auteurs. L’étude nous apprend également que le déclin des moineaux est plus récent dans l’Est parisien que dans l’Ouest. Peut-on lier gentrification de l’habitat et déclin du moineau ? On peut imaginer que le constat fait aujourd’hui résulte d’un cocktail de causes, qu’il faut identifier pour pouvoir espérer inverser la tendance. Les investigations lancées par l’équipe du CNRS de Chizé en lien avec le MNHN permettront de tester différentes hypothèses.

Quoi qu’il en soit, le signal est sérieux. Le Moineau domestique est une espèce dite « commensale » d’Homo sapiens, nous accompagne et dépend de nos activités probablement depuis le Paléolithique. Son déclin peut-être pris comme un avertissement : si même les oiseaux qui dépendent de nous se mettent à disparaître, il y a lieu de prendre la chose au sérieux. L’étude se poursuit durant les prochaines années, et les bénévoles ont besoin de soutien et de renouvellement.

Pour participer, il suffit de savoir reconnaître un Moineau à l’œil et à l’ouïe, et d’écrire un mail à enquetemoineau@corif.net