Pesticides dans les cours d’eau : une affaire de cartes

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Si la France dit vouloir se passer du glyphosate en 3 ans, FNE indique que la pollution des cours d’eau semble devoir s’aggraver à cause d’une mauvaise définition des cours d’eau protégés.

Dans un communiqué du lundi 4 décembre, l’association France Nature Environnement (FNE) s’est alarmée de la pollution des cours d’eau français par les intrants chimiques. Citant des statistiques de 2013 du Commissariat général au développement durable, elle rappelle que 92% des cours d’eau surveillés sont contiennent des résidus de pesticides. Pourtant, depuis 2006, un arrêté ministériel imposait aux préfets, pour l’ensemble des éléments du réseau hydrographique de la carte de l’Institut National de l’Information Géographique et Forestière (IGN), des zones de non traitement (ZNT), correspondants à des bandes de 30 cm à 5 mètres limitrophes aux points d’eau où l’usage de pesticides était interdit. Mais cet arrêté a été modifié le 4 mai 2017, permettant aux préfectures de se référer à une carte établie par les services de l’Etat plutôt qu’à la carte de l’IGN. Dans son communiqué, FNE, qui souligne que la nouvelle carte est « réduite » et a été établie « en étroite collaboration avec – voire sous la forte pression de – la profession agricole », affirme également qu’elle ne respecte pas les critères de définition des cours d’eau, excluant ainsi des éléments importante des ZNT. « Sur le terrain, on constate aujourd’hui une très grande hétérogénéité des définitions des points d’eau retenus par les préfets, amoindrissant l’efficacité de la lutte contre la pollution liée aux pesticides. Un écoulement peut ainsi être protégé dans un département et pas dans le département limitrophe ! » FNE regrette ainsi que les préfets aient aujourd’hui le choix de la carte à laquelle se référer et que l’arrêté ne cadre pas plus rigoureusement la définition des cours protégés, dans l’intérêt du réseau hydrographique français. « Carte restreinte signifie bel et bien protection affaiblie, s’insurge l’association dans son communiqué. Le choix de la carte de référence est donc un enjeu de taille, impactant directement la santé des cours d’eau, car tout écoulement d’eau, aussi petit soit-il, aboutit en définitive dans le réseau hydrographique général. »

Pour lutter contre la pollution des cours d’eau, FNE a déposé des recours gracieux à l’encontre d’une quarantaine d’arrêtés préfectoraux pour demander une meilleure réglementation et a également lancé une pétition afin d’obtenir une modification de l’arrêté du 4 mai.

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