Parcs nationaux et parcs naturels régionaux confrontaient leurs expériences en matière de chartes le 15 novembre à Paris. Dès l’ouverture du colloque Barbara Pompili a prononcé un discours très politique.
Dix ans après l’adoption de la loi Giran qui créait l’obligation pour les parcs nationaux de rédiger et faire valider par toutes les communes de la zone d’adhésion une « charte du parc », à l’instar de ce que pratiquent les parcs naturels régionaux depuis leur création il y a cinquante ans, les deux réseaux ont recherché les convergences et les différences entre leurs pratiques.
« Soyons lucides sur ce qui se passe autour de nous, ou encore outre-Atlantique, a déclaré la secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité. Des menaces existent. Nous les connaissons. Elles s’exercent sur notre cohésion, elles ignorent le plus souvent la question de notre patrimoine naturel, de la biodiversité. Vous avez l’occasion de montrer que l’on peut construire de l’utile, du durable, en bonne intelligence. Vous devez le faire savoir. Ne laissons plus se propager cette idée délétère que notre pays serait gouverné par un quelconque establishment ou par la technocratie. Les outils qui sont les vôtres donnent l’occasion de convaincre par l’exemple ».
De fait, tout au long de la journée, les diverses interventions des représentants de Parcs nationaux de France d’une part, de la Fédération des parcs naturels régionaux de France d’autre part, ont montré que les chartes constituent un outil de gouvernance qui, lorsqu’il est utilisé de façon pertinente, peut grandement contribuer à créer du lien et du consensus autour d’un projet de territoire. A condition toutefois de leur conserver un caractère « visionnaire », clair, lisible (donc court !) afin que tous les acteurs puissent se les approprier. L’idée d’une charte à deux niveaux de lecture, avec un premier niveau qui établit en quelques pages l’ambition et les priorités du territoire, suivi d’un texte plus normatif entrant dans les détails (donc nécessairement beaucoup plus long) a été longuement débattue.
« La charte, a poursuivi la ministre, c’est ce qui traduit une volonté commune de respecter le territoire où l’on vit, tout en en tirant parti pour mieux vivre, pour préserver l’environnement, pour créer de l’emploi.
La charte n’est rien s’il n’y a pas l’adhésion.
Ce qui fait la force de la charte, c’est la faculté d’y adhérer, ou non.
Les chartes et les parcs, constituent au fond une école de la citoyenneté écologique à l’échelle d’un territoire. Un territoire suffisamment petit pour que l’on puisse en cerner les principaux enjeux, économiques, écologiques, sociaux ; suffisamment petit pour que l’on puisse en appréhender les principaux acteurs et les réunir autour d’une table. Mais suffisamment grand pour que l’action menée ait un impact significatif sur la biodiversité, le développement, l’éducation ; un impact qui va bien au-delà des frontières de ce territoire et qui peut servir de référence.
Oui, les chartes de parcs constituent une opportunité exceptionnelle de réellement mettre en œuvre, sur le terrain, les principes du développement durable. « Une autre vie s’invente ici » : cette vision qu’ont les parcs régionaux de leur propre mission résume parfaitement cette ambition.
Tous les atouts sont réunis : un territoire de valeur ; un établissement doté de moyens et compétences, le parc régional ou national ; des collectivités qui adhèrent ; et un pays qui dispose encore de moyens et d’une démocratie qui fonctionne.
Peut-on disposer de conditions plus favorables ?
Alors, réussir la mise en œuvre des chartes est une responsabilité, un devoir, une obligation ».