L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a publié des directives adressées aux primatologues et scientifiques qui postent des photos d’eux avec des primates. L’organisation recommande fortement d’arrêter de publier des selfies avec ces animaux sur les réseaux sociaux afin de mieux contribuer aux efforts de conservation.
Qui aurait pensé qu’une photo d’un primatologue avec un primate aurait des conséquences sur la conservation des espèces ? Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), câliner des bébés singes devant la caméra et les partager sur les réseaux sociaux pourrait saper les efforts de conservation. « Les experts craignent que ces images stimulent par inadvertance la demande pour le commerce illégal d’animaux et encouragent le public à prendre des selfies avec des singes, des orangs-outans et des lémuriens » indique le journal britannique The Guardian.
Les recommandations sont adressées à tous ceux qui sont le plus en contact avec les primates tels que les primatologues professionnels et étudiants, les écologistes, les soigneurs et les bénévoles dans les zoos, les centres de sauvetage et les sanctuaires, les employés des agences gouvernementales et les guides touristiques. L’UICN demande à ce que ces personnes ou organismes adoptent un code de conduite concernant la diffusion d’images du personnel, des étudiants et des bénévoles. L’organisation recommande notamment à ceux qui n’ont pas le contrôle sur toutes les images d’eux-mêmes, comme les personnalités du monde de la science, ou dont les photos sont sur le domaine public depuis un certain temps, d’entreprendre une communication pour expliquer pourquoi le cliché original est problématique. L’UICN encourage aussi vivement les concernés à promouvoir l’éducation en expliquant les questions liées à la conservation et le bien-être des primates. Il est également demandé de favoriser le partage de photos de l’animal seul plutôt qu’en compagnie d’un soignant ou expert, et sinon, de respecter une distance minimale de 7 mètres entre l’animal et l’humain.
La spécialiste des macaques à l’université de Durham, Siân Waters, dirige le groupe de spécialistes de l’UICN pour les interactions entre l’homme et les primates qui a élaboré les lignes directrices. Elle a déclaré au Guardian avoir remarqué l’effet des messages des réseaux sociaux et des articles de magazines dans son travail d’étude du macaque de Barbarie, une espèce menacée : « Beaucoup de gens sont très bien intentionnés lorsqu’ils publient ces photos, mais le problème est de savoir comment elles sont perçues. Le contexte peut se perdre très facilement sur les réseaux sociaux, explique-t-elle, il peut y avoir un message de conservation très clair qui dit : ‘Ne gardez pas les primates comme animaux de compagnie’ avec une image de quelqu’un tenant un macaque ou un chimpanzé confisqué. Mais en réalité, ce contexte est perdu presque immédiatement car il est partagé dans le monde entier ».