Des groupes tels que Campaign to Ban Trophy Hunting et Born Free font pression sur les gouvernements pour interdire la chasse au trophée. Soutenue par de nombreuses célébrités et députés de tous bords politiques, cette campagne est décriée par certains scientifiques. Selon eux, interdire cette pratique mettrait en péril la faune sauvage et les moyens de subsistance des communautés locales.
Les groupes Campaign to Ban Trophy Hunting et Born Free font pressions sur les gouvernements britannique et américain pour interdire la chasse au trophée. La campagne est largement soutenue par le public, de nombreuses célébrités et des députés de tous horizons politiques mais, étonnement, pas par certains écologistes. Comme le rapporte le journal d’information britannique The Guardian, bon nombre de militants ont signé une lettre ouverte pour encourager l’interdiction de la chasse au trophée. Mais selon une partie de la communauté scientifique, cette lettre comporterait des informations trompeuses. Ces experts avertissent le public que des campagnes bien intentionnées mais mal renseignées sur cette question risquent de mettre en périls des millions d’hectares d’habitats fauniques en Afrique Sub-Saharienne et par la même occasion, les moyens de subsistance des hommes.
En 2019, un collectif de 133 scientifiques et représentants de communautés locales africaines a averti dans une lettre adressée à la revue Science que l’interdiction de la chasse au trophée sans la mise en œuvre d’alternatives viables pour générer des revenus permettant, entre autres, de protéger les habitats mettrait en péril la biodiversité, explique The Guardian. Selon les informations du journal, la chasse au trophée mal réglementée a bien des effets négatifs sur certaines populations d’animaux sauvages. Mais Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), pour de nombreuses espèces menacées comme le rhinocéros noir, le rhinocéros blanc, le lion et le markhor, une chasse au trophée bien réglementée aurait entraîné une augmentation des populations et une réduction des menaces qui pèsent sur elles, notamment le braconnage. Les écologistes soutiennent même que lorsqu’un habitat est géré pour la chasse, cela peut protéger de nombreuses autres espèces menacées vivant dans la même zone. The Guardian ajoute que la chasse au trophée est – dans une certaine mesure – soutenue par l’UICN pour certaines espèces de la liste rouge notamment l’éland géant, le rhinocéros noir, le rhinocéros blanc, l’éléphant d’Afrique et le petit koudou. Selon les scientifiques prônant le maintien de la chasse au trophée, l’interdiction de la chasse au Kenya en 1977 a entraîné un déclin de 70 à 88 % de certaines espèces sauvages surveillées, notamment le phacochère, le petit koudou, la gazelle de Thomson, l’élan, l’oryx et l’impala, tandis que la population du cheptel (ensemble des animaux d’élevage) a considérablement augmenté. Ils affirment que, lorsque la chasse au trophée est interdite, les terres utilisées à son effet sont converties pour l’agriculture et que les animaux souffrent alors plus de la perte d’habitat, du braconnage et du manque de proies. La Tanzanie a perdu des unités anti-braconnage et des millions d’hectares de zones de chasse après que les importations de trophées de chasse à l’éléphant ont été interdites aux États-Unis.
La chasse au trophée est au cœur d’un bras de fer musclé entre certains scientifiques et militants. Des écologistes reçoivent des menaces et insultent venant de la part de célébrités impliquées dans la lutte conte la chasse au trophée. Certains scientifiques ont déclaré au Guardian ne plus vouloir prendre part au débat tant il est « toxique ». Adam Hart, professeur de communication scientifique à l’Université du Gloucestershire, a déclaré « Nous sommes victimes d’insultes personnelles contre notre intégrité professionnelle juste parce que nous essayons d’impliquer les gens dans la science et de limiter les pertes de faune sauvage qui surviendront si la chasse au trophée est interdite ». Les groupes qui luttent contre la chasse au trophée et les adhérents à la campagne sont cependant convaincu de faire ce qu’il y a de mieux. En 2020, un million de personnes ont signé une pétition pour interdire l’importation de trophées de chasse. Les résultats d’une consultation gouvernementale sont en attente, indique le journal britannique.