Le Centre Athénas a annoncé mercredi 20 janvier offrir une récompense de 1.000 euros pour toute personne livrant des « informations fondées » permettant d’identifier l’auteur du tir ayant tué un lynx boréal, espèce menacée en France, fin décembre dans le Doubs. Par ailleurs, le Conseil national de la protection de la nature a donné son avis sur le Plan national d’actions en faveur du lynx actuellement en cours d’élaboration.
Le Centre Athénas offre une récompense de 1.000 euros pour toute personne livrant des « informations fondées » permettant d’identifier l’auteur du tir ayant tué un lynx boréal dans le Doubs en décembre dernier. Pour illustrer sa proposition, l’association spécialisée dans la préservation du lynx a publié un avis de recherche sur sa page Facebook : « Wanted alive lynx killer » (« Recherche vivant tueur de lynx« ), peut-on lire sur l’affiche aux accents de Far West, montrant un homme armant un fusil de chasse et tuant un lynx. Les actes de braconnage « remettent en cause nos actions de conservation« , souligne le Centre Athénas, ponctuant son propos du hashtag #balancetonbraco.
L’idée est de « briser la loi du silence« , de « libérer la parole » de personnes pouvant avoir des éléments permettant d’identifier l’auteur d’un acte de braconnage et « d’éviter que ça ne se reproduise« , a expliqué à l’AFP Gilles Moine, directeur du Centre Athénas, basé dans le Jura. « Dénoncer un délit d’atteinte au patrimoine commun n’est pas honteux, c’est un acte civique« , a estimé le centre sur sa page Facebook, considérant comme « une honte » de « commettre ce délit, connaître l’auteur et ne rien dire ». « On ne veut pas se substituer aux enquêteurs de l’Office français de la biodiversité (OFB) et de la gendarmerie, mais les aider en leur apportant des éléments probants« , assure M. Moine.
Le 31 décembre, un lynx boréal tué par arme à feu avait été retrouvé dans le massif du Jura, dans le canton de Quingey (Doubs). Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Besançon pour « destruction illégale d’espèce protégée« . Ce délit est puni d’une peine maximale de trois ans de prison et 150.000 euros d’amende. Il s’agit de « la troisième destruction illégale de lynx avérée » en France en 2020, avait précisé début janvier la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement dans un communiqué (Dreal).
Au mois de mars dernier, l’association Sea Shepherd, par le biais de la coalition Rewild dont elle est cofondatrice, avait déjà annoncé offrir 5.000 euros de récompense pour toute personne donnant une information permettant d’identifier la personne ayant abattu un lynx dans le Jura quelques jours plus tôt. Cependant, la démarche n’a pas encore permis d’identifier ce premier braconnier, a précisé à l’AFP la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali.
Parallèlement, le 12 janvier 2021, le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) a examiné le projet de plan national d’actions en faveur du lynx. Piloté depuis plus de deux ans par les services de l’Etat, ce plan comporte à ce stade trois grands thèmes d’actions : améliorer les conditions de coexistence du lynx avec les activités humaines ; lever les freins à la survie et à la dispersion du lynx en traitant les causes de mortalité non naturelles et les barrières écologiques aux mouvements des animaux ; améliorer les connaissances de l’écologie et du comportement du lynx. « Dans son avis, le CNPN relève le manque d’ambition du document et l’insuffisance des actions envisagées. Le financement du plan par les pouvoirs publics, le pilotage des actions, l’amélioration du suivi des populations de lynx, celle des connaissances de son régime alimentaire, l’étude de l’influence des dérangements liés aux activités humaines en lien en particulier avec les pratiques cynégétiques, la gestion et l’amélioration des connectivités et du réseau des aires protégées, sont autant de sujets clés que ces experts recommandent de traiter et/ou d’approfondir« , explique dans un communiqué un collectif d’association, dont Jura Nature Environnement et Nature Jura.
Gilles Moyne, directeur du centre Athenas, constate : « Si une discussion sur les principaux enjeux de conservation de l’espèce a bien été initiée, elle a été biaisée dès le départ par le rejet du principe de renforcement de population et de remplacement des individus braconnés. Il n’a pas été facile pour les associations de protection de la nature de se faire écouter et entendre sur des sujets parfois peu consensuels« .