Les aires protégées progressent, mais des efforts restent à faire

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La Terre compte toujours plus d’aires protégées, mais elles doivent être mieux gérées et prendre en compte les populations locales pour freiner le déclin dramatique de la biodiversité, a averti mercredi 19 mai l’ONU, qui lance des pistes pour les décennies à venir.

En 2010, la communauté internationale adoptait 20 objectifs, dits d’Aichi, pour préserver la biodiversité d’ici 2020. Un rapport, élaboré par l’agence onusienne PNUE-WCMC et l’Union
internationale pour la conservation de la nature (UICN), fait le bilan du point consacré aux aires protégées, un des seuls à avoir été partiellement rempli. Sa publication intervient à moins de six mois de la COP15 sur la biodiversité prévue en Chine, qui doit fixer un nouveau cadre d’ici à 2030. « Les aires protégées sont une pièce d’un puzzle complexe« , a commenté Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), rappelant qu’un million d’espèces animales et végétales risquent de disparaître au cours des prochaines décennies, à cause de la pollution, des espèces invasives ou encore du changement climatique. La biodiversité doit aussi être protégée en dehors des aires protégées, en ville ou dans des zones agricoles, a-t-elle ajouté.

En 2010, il avait été prévu qu' »au moins 17% des zones terrestres et d’eaux intérieures et 10% des zones marines et côtières (…) (soient) conservées au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d’aires protégées gérées efficacement et équitablement et d’autres mesures de conservation« . « Aujourd’hui, 22,5 millions de km2 (16,64%) des zones terrestres et eaux intérieures et 28,1 millions de km2 (7,74%) de zones marines et côtières se trouvent dans des zones protégées documentées, une augmentation de plus de 21 millions de km2 depuis 2010« , selon un communiqué de presse. En prenant en compte le fait que certaines aires récentes ne sont pas encore enregistrées, le rapport considère que le seuil de 17% est atteint. 42% des aires protégées ont été créées au cours de la dernière décennie, souligne Trevor Sandwith, directeur du programme de l’UICN pour les aires protégées, qui parle d’un « effort vraiment énorme fait par les pays« .

L’UNEP et l’UICN se félicitent de ces avancées, mais soulignent aussi qu’il faut « améliorer la qualité des aires existantes et à venir« . Il n’existe pas pour l’heure de normes mondiales pour mesurer la qualité des aires protégées, indique Trevor Sandwith. Selon des évaluations menées par les aires elles-mêmes, « environ la moitié font bien les choses, mais l’autre moitié pas du tout« . L’UICN a mis au point avec sa Liste verte des standards pour définir si une aire protégée fonctionne: avoir une taille suffisante, une réglementation efficace, les finances et des savoirs nécessaires, des résultats effectifs en terme de conservation etc. Environ un tiers des zones essentielles pour la biodiversité sur terre et dans les océans ne sont toujours pas protégées, relève aussi le rapport. « Les aires protégées doivent aussi être mieux connectées les unes aux autres, pour permettre aux espèces de se déplacer et aux processus écologiques de fonctionner« , selon le rapport. Malgré des progrès en la matière, « moins de 8% des terres sont à la fois protégées et connectées (…) et il faut s’assurer que les zones alentour soient convenablement gérées pour maintenir des valeurs en terme de biodiversité« .

La COP15 devra intégrer dans ses objectifs les questions de qualité et de bonne gestion des aires protégées, défend Trevor Sandwith. Une coalition de pays, portée par la France et le Costa Rica, y défendra par ailleurs la nécessité de protéger 30% de la Terre d’ici 2030. Cela nécessite de mieux prendre en compte les droits des peuples autochtones et des populations locales, soulignent l’UICN et l’UNEP. Ils craignent en effet que la création de nouvelles aires protégées soient un prétexte pour leur prendre leur terre, comme cela a pu se produire par le passé. Protéger la nature ne signifie pas la fermer aux activités humaines, mais « reconnaître la nature qui est conservée et soutenir les autochtones, les communautés locales et les acteurs privés qui font ce travail« , insiste Trevor Sandwith.

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