Le président des Hautes-Alpes condamné pour avoir offert une queue de loup

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Le président (LR) du conseil département des Hautes-Alpes, Jean-Marie Bernard, a été condamné vendredi à 10.000 euros d’amende, dont 5.000 avec sursis, pour avoir offert une queue de loup, un animal protégé, à l’ancienne préfète du département.

« Cette condamnation pénale, c’était le plus important », a réagi auprès de  l’AFP à la sortie de l’audience Catherine Bouteron, la référente loup à la SAPN, l’une des associations plaignantes, se disant « très contente » de la décision du tribunal. Le président des Hautes-Alpes avait remis le 21 février 2020 cet appendice de l’animal à la préfète Cécile Bigot-Dekeyzer lors de sa cérémonie de départ et avait alors revendiqué un « acte politique » pour soutenir les éleveurs. La condamnation par le tribunal correctionnel de Gap est « décevante » et « symbolique », a estimé vendredi auprès de l’AFP Philippe Neveu, avocat de l’élu, qui regrette « la pression médiatique, environnementale et émotionnelle, très forte dans ce dossier. »

« Je trouve un peu abusif de me retrouver condamné pour des faits que je n’ai pas commis, a dit à l’AFP Jean-Marie Bernard, qui estime que son geste était une boutade à vocation politique. Ce qui m’intéresse, c’est de faire avancer les solutions pour améliorer le sort des éleveurs par rapport à la prédation du loup », a-t-il ajouté à la sortie du tribunal.  « Je déplore cette décision rendue sous la pression de groupuscules environnementalistes extrémistes qui sont déconnectés de la réalité des territoires et des problématiques des professionnels du monde rural », ajoute-t-il dans un communiqué.

Le parquet de Gap avait requis lors de l’audience, le 15 février, deux mois de prison avec sursis pour détention, transport et cession d’une partie d’espèce protégée, un délit passible de trois ans de prison et 150.000 euros d’amende. L’avocat de l’élu regrette que son client ne soit pas parvenu à faire reconnaître « le caractère politique de sa démarche ».
Il y voit une « iniquité de traitement avec, par exemple, une militante Femen visée pour exhibition sexuelle relaxée par la Cour de cassation pour le caractère politique de son geste » en février 2020. « Le caractère politique de sa démarche aurait dû être une cause exonératoire de sa responsabilité, estime M. Neveu, de notre point de vue c’est un petit peu incompréhensible ». Les associations plaignantes, parties civiles, bénéficient chacune d’un dédommagement de 600 euros, plus 500 de frais de justice. « C’est un acte de braconnage,explique Catherine Bouteron, de la Société alpine de protection de la nature, un élu doit se montrer exemplaire de ce point de vue-là, c’est ce qui comptait pour nous. ».

Jean-Marie Bernard a expliqué dans un communiqué du 16 mars qu’il allait faire appel. « Je refuse que l’on me taxe de délinquant ou de criminel« . M. Bernard assure qu’il n’a toujours pas eu accès au jugement, et regrette qu’on lui « refuse le caractère politique de (son) acte« , « j’ai la jurisprudence avec moi« , assure-t-il. L’élu « renouvelle son appel à l’apaisement » et demande à « ce que l’ensemble des acteurs se réunissent autour d’une table pour évoquer le problème de la prédation » du loup, revenu naturellement en France et qui, depuis, attaque régulièrement des troupeaux en montagne.