Des recherches menées par Birdlife International montrent que le marché noir des oiseaux sauvages en Inde est certes moins visible que dans d’autres pays, mais qu’il est tout aussi nuisible.
Dans le nord-est de l’Inde, la vente libre d’oiseaux sauvages est très répandue. Le pays observe une crise du commerce des oiseaux qui englobe à la fois la consommation domestique et le commerce international. Des recherches de Birdlife International ont montré que bien que ce marché soit moins visible que certains dans d’autres pays, il n’en reste pas moins problématique. En 1990, le gouvernement indien a complètement interdit la capture et le commerce de tous les oiseaux indigènes. Cependant, un marché noir de plus de 100 espèces d’oiseaux exotiques s’est développé à la place, dont beaucoup sont des individus sauvages importés clandestinement de l’étranger.
Anuj Jain, coordinateur du commerce des oiseaux de BirdLife Asia, qui travaille avec la Bombay Natural History Society (BNHS ; BirdLife en Inde) explique dans un communiqué de Birdlife que « l’Inde est peu à peu devenue une plaque tournante du commerce transfrontalier d’espèces non indigènes, dont certaines sont interdites par la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) ». En effet, les trafiquants font passer des oiseaux en contrebande à travers les longues frontières « poreuses » du Bengladesh et du Myanmar pour satisfaire la demande croissante du pays. Birdlife indique que sur plus de cinquante cas au cours des cinq dernières années, les autorités indiennes ont arrêté deux hommes après avoir saisi 22 perroquets provenant d’Amérique du Sud et de Nouvelle-Guinée, dont l’ara hyacinthe (Anodorhynchus hyacinthinus) et le perroquet de Pesquet (Psittrichas fulgidus), tous deux vulnérables à l’extinction.
Jain ajoute que « le commerce des oiseaux exotiques en Inde a connu une croissance rapide ces dernières années en raison de l’augmentation des revenus et du renforcement de la demande d’animaux de compagnie exotiques de la part des citoyens des villes les plus riches ». Il estime que cette demande florissante est due à des influences sociétales fondamentales – « les animaux de compagnie exotiques deviennent un symbole de statut » – et à une mauvaise application de la CITES, rapporte Birdlife. Les recherches de cette association internationale pour la protection des oiseaux ont révélé que de récentes enquêtes sur les marchés du nord de l’inde, du Gujarat à l’ouest jusqu’à l’Assam à l’est, ont permis de découvrir 85 espèces d’oiseaux à vendre. « Sur les 42 espèces non indigènes recensées, deux tiers étaient inscrites à la CITES, dont neuf à l’annexe I (pour lesquelles le commerce international est interdit, sauf à des fins non commerciales telles que la recherche scientifique). Les perroquets étaient particulièrement nombreux, notamment le perroquet gris Psittacus erithacus (en danger) – découvert à 11 reprises – et le cacatoès à huppe rouge Cacatua moluccensis (vulnérable). Parmi les oiseaux chanteurs exotiques rencontrés, citons le moineau de Java Lonchura oryzivora (en danger) », précise Birdlife.