Environ 20% des espèces sont menacées en France, la situation se dégrade

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La situation de la faune et de la flore sauvages s’est dégradée en 13 ans en France, avertissent mercredi l’Office français de la biodiversité, le Muséum national d’histoire naturelle et l’Union internationale de conservation de la nature, appelant à protéger les espèces mais aussi à diminuer les pressions anthropiques.

A l’occasion de la journée mondiale de la vie sauvage, l’OFB, le MNHN et l’UICN font le bilan de la Liste rouge des espèces menacées en France qui établit le « degré de menace pesant sur les espèces de la faune et de la flore » depuis 2008, selon un communiqué. En 13 ans 13.842 espèces ont été évaluées, dont 17,6% sont menacées. Ce pourcentage augmente chez les oiseaux nicheurs (32%), les crustacés d’eau douce (28%) ou les amphibiens (23%). La situation est particulièrement inquiétante en Outre-mer. Les oiseaux sont parmi les espèces les plus menacées. En Polynésie Française par exemple, 34% des oiseaux sont menacés, 29% d’entre eux le sont en Terres Australes et 21% en Martinique. 187 espèces ont complètement disparu. Pour plus de 2.100 autres, les données sont insuffisantes. L’objectif à terme est d’évaluer toutes les espèces.

D’autres espèces sont « quasi-menacées »: « c’est une préoccupation importante à avoir, ce sont les menacées de demain mais ce sont des espèces sur lesquelles ont peut encore agir facilement », souligne Laurent Poncet du MNHN. Certains groupes d’espèces – les reptiles, amphibiens, mammifères, oiseaux et poissons d’eau de métropole – ont été évalués deux fois depuis 2008. « Nous pensions qu’en huit ou neuf ans, on ne verrait pas beaucoup d’évolution. La surprise est qu’on assiste à une nette dégradation de la situation, explique Florian Kirchner, de l’UICN France, à l’AFP. Pour les oiseaux nicheurs, on avait un quart d’espèces menacées en 2008, un tiers huit ans après, donne-t-il comme exemple. Plus inquiétant encore, nous parlons des espèces qui bénéficient le plus d’effort de conservation, les vertébrés, et pas des insectes ou des mollusques.  Cela nous renvoie aux principales menaces en métropole: l’aménagement du territoire qui reste incontrôlé et l’intensification des pratiques agricoles , avec des zones uniformes et l’usage important de pesticides », explique le scientifique.

Au-delà d’apporter des chiffres, la Liste rouge Nationale permet d’identifier les espèces les plus menacées pour leur faire bénéficier d’un Plan national d’actions comme cela a été fait avec l’Apron du Rhône, les lézards des Pyrénées ou le Pétrel noir de Bourbon à La Réunion. Elle permet également d’appuyer le choix des espèces déterminantes dans l’élaboration des Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique et identifier les espèces à enjeux pour la Stratégie nationale des aires protégées.

Les données récoltées sur 13 ans montrent que plus de 2 100 espèces sont classées dans la catégorie « Données insuffisantes ». La Liste rouge nationale a pour ambition dans les années à venir de couvrir progressivement tous les groupes d’espèces les plus méconnus afin de représenter au mieux l’état de la biodiversité. « Si nous avions plus de données, nous pensons que nous mettrions plus d’espèces dans ces catégories menacées », complète Laurent Poncet. « Les dégradations de la nature restent bien plus fortes que tous les efforts qu’on peut déployer, avertit Florian Kirchner. Il faut vraiment changer de braquet », insiste-t-il. Il voit pourtant « deux sources d’espoir: l’opinion est en train d’évoluer et il y a des bonnes nouvelles » dans la protection des espèces comme dans le cas de la loutre, du bouquetin des Alpes ou du vautour moine.

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