🆓 Aucun marché pour le trafic de pandas roux (2 mn 30)

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Le braconnage du panda roux augmente au Népal, mais des scientifiques affirment qu’il approvisionne un faux marché noir, la consommation de cet animal n’étant que peu pratiquée dans le pays.

Le commerce illégal du panda roux, une espèce menacée et protégé,  est en augmentation au Népal. Mais avec peu de preuves d’une demande pour des peaux et des parties de panda, les chercheurs se demandent pourquoi. Dirigée par des scientifiques de l’Université du Queensland en Australie, une équipe de près de 40 personnes a parcouru l’ensemble de l’aire de répartition du panda roux au Népal, conduisant des entretiens avec les populations locales afin de comprendre les utilisations actuelles ainsi que la perception des gens sur l’espèce. Les résultats de leurs recherches indiquent que la population est peu consciente des menaces qui pèsent sur les pandas roux et que les forces motrices du braconnage et du commerce illégal de cette espèce restent largement un mystère : aucune utilisation notable de panda roux n’est enregistrée, et il n’existe pas de véritable marché noir pour les produits qui en dérivent au Népal. Pourtant l’approvisionnement en peaux est ininterrompu.

Au cours des deux dernières décennies, la population de panda roux a diminué de près de 50 % et l’espèce est désormais inscrite à l’annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), qui en interdit le commerce. On estime que moins de 15 000 individus restent à l’état sauvage sur l’ensemble de leur territoire en Inde, au Népal, au Bhoutan et en Chine ; ils font désormais partie des cinq premiers mammifères braconnés et commercialisés illégalement au Népal. 121 peaux de panda roux y ont été confisquées entre 2008 et 2018, avec une augmentation globale constante qui a culminé à 27 saisies en 2017. Sur ces 121 cas, aucun n’était destiné à l’exportation vers d’autres pays et, le plus souvent, seuls les braconniers ont été arrêtés, et non les autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement (intermédiaires, distributeurs, consommateurs), ce qui indique l’absence d’un marché clair pour les pandas roux.

Il existerait donc un « faux » marché de pandas roux, basé sur des rumeurs et avec presque aucun acheteur. Les campagnes de sensibilisation, le personnel de sécurité et les médias sont, d’après les scientifiques, les sources suspectes de ces rumeurs. Leur étude suggère que lors d’enquêtes précédentes sur le commerce illégal, des enquêteurs se faisant passer pour des acheteurs ont pu, par inadvertance, motiver le braconnage chez des communautés pauvres ou des jeunes au chômage en créant l’illusion d’un marché pour les pandas, et une mauvaise communication lors des programmes de sensibilisation pourrait avoir aggravé le problème. Lors des entretiens avec les personnes vivant dans l’aire de répartition du panda, seuls 14% des personnes interrogées ont déclaré avoir vu l’animal, et 83% n’étaient pas conscientes de son importance pour la conservation. Les connaissances sur les utilisations du panda roux sont très variables, avec des mentions d’utilisation de l’animal comme chapeau, tapis, épouvantail, décoration, médecine traditionnelle et dans les rituels. Les pandas roux sont considérés comme un mauvais présage et un prédateur du bétail par certains et comme un signe de chance par d’autres. Et bien qu’ils soient d’apparence assez câline, ces animaux solitaires, avec leurs longues griffes recourbées et l’émission de fortes odeurs lorsqu’ils sont excités, ne font pas de bons animaux de compagnie.

Dans la foulée de ce document, l’ONG TRAFFIC a publié un rapport complet sur le commerce illicite des pandas roux en Inde, au Népal et au Bhoutan. En Inde et au Népal, les principales raisons du braconnage et du piégeage des pandas roux étaient la fourrure (70 %), le commerce des animaux de compagnie (20 %), l’élevage en captivité (5 %) et l’utilisation dans les médecines traditionnelles (5 %). Les deux études s’accordent à dire que la conservation des pandas roux est inextricablement liée aux moyens de subsistance des populations locales. Selon le rapport de TRAFFIC, les programmes de conservation communautaires sont probablement l’approche la plus importante pour réduire le braconnage et le trafic de pandas roux.

L’étude

Le rapport de TRAFFIC