La production humaine pèse désormais plus lourd que la nature

Photo d'illustration ©Fotolia-Wolfilser

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Pour la toute première fois de l’histoire, le poids des produits fabriqués par l’humanité a dépassé celui des formes de vie sur Terre en 2020, selon une étude publiée mercredi 9 décembre qui met en exergue ce point de bascule de l’empreinte humaine sur le globe.

Les auteurs d’une nouvelle étude ont calculé que le poids des bâtiments, infrastructures de transports et autres produits manufacturés double tous les 20 ans environ et a atteint cette année 1,1 teratonne, soit 1.100 milliards de tonnes. Sous l’effet de cette croissance insatiable, qui utilise et détruit les ressources naturelles, le poids de la biomasse vivante se serait de son côté effondré de moitié depuis l’invention de l’agriculture au néolithique, environ 10 siècles avant notre ère. Il s’établirait aujourd’hui à environ 1 teratonne, faisant de 2020 le moment de bascule entre les deux masses, naturelle et fabriquée par l’Homme, selon l’étude publiée dans la revue Nature.

Selon les chercheurs, le poids des produits fabriqués par les humains s’est accru de manière exponentielle: il ne s’élevait au début du XXe siècle qu’à 3% de la biomasse et s’est notamment envolé après la deuxième guerre mondiale, avec la reconstruction puis le développement mondial. De nouveaux matériaux comme le béton ont également contribué à alourdir les constructions et l’humanité produirait ainsi désormais toutes les semaines l’équivalent du poids de la population mondiale. « Notre étude donne un instantané de l’état de la planète en 2020. Nous espérons que ces chiffres assez choquants nous conduiront à prendre nos responsabilités en tant qu’espèce« , a déclaré Ron Milo, chercheur au département des plantes et sciences environnementales de l’institut Weizmann des Sciences (Israël).

Car selon les chercheurs, qui s’appuient sur des données industrielles et environnementales, la production humaine poursuit son avancée, pesant actuellement environ 30 milliards de tonnes par an, et pourrait si sa croissance se poursuit à un tel rythme totaliser 3 teratonnes en 2040. Dans le même temps, la biomasse devrait poursuivre sa décrue, notamment en raison de la déforestation et du transfert des terres à l’agriculture intensive. « Nous ne pouvons plus nier notre rôle central dans l’évolution du monde naturel. Et cela implique une responsabilité« , a commenté pour l’AFP Emily Elhacham, auteure principale de l’étude.