Romeo, dernière grenouille de son espèce, cherche sa Juliette

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Une bonne action pour la Saint-Valentin: aider Romeo, petit amphibien bolivien célibataire et sans enfant, à trouver une partenaire, faute de quoi son espèce risque bien de s’éteindre.

Romeo, une grenouille aquatique de Sehuencas qui vit depuis dix ans au Museum d’histoire naturelle de Cochabamba (Bolivie) et a une espérance de vie d’une quinzaine d’années, est la dernière connue de son espèce. Alors ses gardiens ont décidé de passer à la vitesse supérieure pour tenter de lui trouver sa moitié: un partenariat avec le site de rencontres Match.com. « Nous ne voulons pas qu’il perde espoir », explique le scientifique Arturo Munoz, qui avec le Global Wildlife Conservation s’est associé au premier site de rencontres mondial en vue d’une levée de fonds. La collecte permettra de lancer l’exploration de cours d’eau boliviens, pour tenter de trouver une femelle de son espèce, y compris encore au stade de têtard. « Nous espérons qu’il en reste, pour établir un programme d’élevage conservatoire, et sauver l’espèce », ajoute M. Munoz. En cas d’échec, Romeo connaîtrait le même sort que le célèbre « George le solitaire », dernière tortue Chelonoidis abigdoni, morte aux Galapagos en 2012, sans descendant.

La campagne sur Match vise à recueillir 15.000 dollars (12.200 euros) d’ici la Saint-Valentin, mercredi. Pour ce faire, un profil a été créé pour Romeo, et une vidéo tournée, au cours de laquelle il se présente, effectuant quelques brasses dans son aquarium. « Bonjour. Je suis Romeo, une grenouille de Sehuencas de Bolivie, explique-t-il sur un ton enjôleur, en anglais mâtiné d’accent espagnol. Je suis un gars assez simple. Je suis plutôt réservé et j’adore passer mes soirées à la maison. J’aime aussi manger. Bien sûr, qui n’aimerait pas cela? » L’annonce précise le statut marital: « Jamais marié auparavant. Enfants: non. » « Je parie que vous vous demandez ce qu’une grenouille comme moi fait ici, poursuit le texte. Et bien je suis ici pour trouver ma moitié, comme vous. Sauf que ma situation est un peu plus… urgente ». Quand Romeo est arrivé au Museum, « nous savions que les Sehuencas, comme d’autres amphibiens en Bolivie, étaient menacés, mais nous n’imaginions pas que nous serions incapables de trouver une femelle, raconte M. Munoz. Un an après son arrivée, Romeo a commencé à appeler, à la recherche d’une partenaire, mais ses appels se sont réduits ces dernières années ». Si la collecte est fructueuse, les scientifiques prévoient de lancer dix expéditions en divers lieux. Ils chercheront aussi des signes de présence via des traces d’ADN. Enfin si rien de tout cela ne fonctionne, M. Munoz n’écarte pas l’idée de clonage, pour préserver une espèce menacée, comme pour beaucoup d’autres batraciens, par le dérèglement climatique, les prédateurs invasifs, la destruction d’habitats ainsi qu’un champignon responsable de la disparition de nombreux amphibiens dans le monde. « Alors, si vous croyez en l’amour, et voulez aider une vieille grenouille, soutenez ma cause », conclut la vidéo de Romeo, qui salue ses auditeurs d’un « adios amigos. »