Après avoir été menacée par la Cour de Justice de l’UE de pénalités de 100 000 euros par jour, la Pologne a retiré les engins forestiers de Bialowieza.
Varsovie respectera « comme avant » les dispositions de l’UE sur la forêt de Bialowieza, a déclaré mardi le ministre polonais de l’Environnement, tout en annonçant le retrait des engins forestiers et la poursuite des « coupes de sécurité » par d’autres moyens. « La Pologne respectera, comme avant, les décision de la Cour de Justice de l’Union européenne concernant la forêt de Bialowieza », a déclaré le ministre à la presse. Le problème est que Bruxelles et Varsovie ont toujours divergé fortement sur l’interprétation de la loi européenne en la matière. La Cour de Justice de l’UE (CJUE) avait sommé lundi Varsovie de cesser « immédiatement » l’abattage des arbres dans cette forêt naturelle du nord-est du pays, l’une des mieux conservées d’Europe, en menaçant la Pologne d’une astreinte « d’au moins 100.000 euros par jour » si elle n’obtempérait pas. « Nous appliquerons à 100% les suggestions contenues dans la requête » de la Commission européenne, a dit M. Szyszko, soulignant que ses services ne menaient aucune coupe dans cette forêt, mais uniquement des travaux de protection garantissant la sécurité publique. Il a affirmé que la Pologne « n’est menacée d’aucune amende de l’UE et que cela est clairement dit » dans ce document. « La Pologne ne saurait être frappée par aucune pénalité pour des activités futures qui ne peuvent avoir lieu, car la Pologne respecte la loi à 100% », a cherché à expliquer le ministre. Il a souligné que la Pologne allait répondre dans le délai prescrit de 15 jours aux remarques de la Commission.
Quant à l’arrêt des activités des abatteuses forestières – auxquelles des militants écologistes se sont souvent enchaînés ces derniers mois – le directeur des Forêts nationales Konrad Tomaszewski l’a dissocié du différend avec la justice européenne, déclarant qu’il avait été réclamé depuis une semaine déjà par les chefs locaux de l’administration forestière. Il a précisé toutefois que les « travaux de protection » allaient continuer dans la forêt, poursuivis par des « entreprises de services forestiers » utilisant notamment des tronçonneuses. Depuis le début du conflit, le gouvernement polonais soutient que ces opérations ont pour but d’assurer la sécurité dans la forêt en combattant la prolifération d’insectes xylophages, et qu’elles correspondent donc à une exception acceptée par la législation européenne. Effectivement, l’ordonnance de la CJUE, basée à Luxembourg, stipule que « sauf cas exceptionnel et strictement nécessaire pour assurer la sécurité publique, la Pologne doit cesser immédiatement les opérations de gestion forestière active dans la forêt de Bialowieza ». Une responsable de Greenpeace Pologne, Kasia Jagiello, a déclaré que son organisation appelait à la mise en place d’une commission comprenant tant des représentants du ministère de l’Environnement que des chercheurs indépendants et des représentants d’ONG. « Uniquement de cette façon nous serons en mesure de savoir avec certitude si les raisons de sécurité ne sont pas invoquées abusivement pour violer la loi dans la forêt de Bialowieza », a-t-elle dit à l’AFP. Lors de sa conférence de presse, M. Szyszko a dit qu’il avait souvent invité « dans la forêt » tant des chercheurs que des écologistes et même des diplomates étrangers pour leur expliquer la situation sur place.