Une sortie de l’Union européenne sans accord négocié sur les programmes d’échanges d’animaux menacerait leur capacité à élever et à protéger certaines espèces.
D’après Kristen Pullen, la directrice général de l’Association des zoos et aquariums britanniques et irlandais (Biaza), les animaux ayant une espérance de vie réduite, certaines espèces de rongeurs notamment, seraient très vulnérables en cas de « Brexit dur ».
« C’est difficile de pointer une espèce ou une autre, elles seraient toutes potentiellement affectées si nous ne pouvions plus traiter avec nos partenaires européens », a-t-elle dit dans une interview à l’agence britannique Press Association.
La circulation des animaux entre les zoos de l’UE est libre, tous les pays adhérant aux mêmes standards de bien-être et de santé animale. Les zoos s’échangent ainsi régulièrement des animaux dans le cadre de programmes d’élevage ou de reproduction, pour permettre des accouplements et disposer d’un patrimoine génétique plus riche. Ainsi en 2013, Joao, un tigre de Sumatra du zoo allemand de Krefeld, est arrivé à Dudley, dans la banlieue de Birmingham, pour être associé à une nouvelle partenaire. A l’inverse, l’aquarium de Hull, sur la côte est de l’Angleterre, a envoyé six requin-zèbres à cinq zoos différents à travers l’Europe.
Kirsten Pullen explique que « le principe d’un programme d’élevage est de disposer d’un grand nombre d’animaux, aux patrimoines génétiques variés, afin de minimiser, entre autres, les risques de consanguinité. Prenez une espèce comme les rhinocéros blancs, ils occupent beaucoup de place, donc aucun zoo n’est capable d’entretenir un troupeau suffisamment large pour qu’ils se reproduisent. Même à l’échelle du Royaume-Uni, cela serait très compliqué. Nous devons donc travailler au niveau européen pour être sûrs d’atteindre un nombre suffisamment grand d’animaux ».
Si le Royaume-Uni ne parvient pas à un accord qui maintienne les règles européennes en matière d’échanges d’animaux, les zoos britanniques pourraient se retrouver à l’écart et devraient alors négocier des accords bilatéraux pays par pays. Une telle situation serait problématique, surtout pour les petites espèces. Les rongeurs par exemple ont une faible espérance de vie et des cycles de reproduction relativement courts. Ils seraient très vulnérables si des délais administratifs devaient retarder leurs déplacements d’un zoo à un autre. Néanmoins, Kirsten Pullen souligne que le Brexit pourrait aussi « créer certaines opportunités » car les lois européennes ont rendu difficile les échanges d’animaux en dehors des frontières de l’Union. Ainsi, les zoos britanniques pourraient améliorer la coopération avec leurs homologues australiens ou américains, explique-t-elle.