Une étude publiée dans Ecology Letters dévoile l’impact dévastateur du changement climatique sur les populations d’oiseaux de nos jardins, et plus particulièrement sur les mésanges qui se nourrissent de chenilles.
Il a été démontré que le changement climatique entraîne des changements dans la chronologie des événements du cycle de vie des oiseaux. En conséquence, les interactions entre les espèces peuvent être perturbées, avec des effets potentiellement néfastes. Dans une étude publiée par Ecology Letters, des chercheurs ont modélisé la réaction des mésanges face à la crise climatique.
Les oiseaux ont évolué en fonction du moment de leur cycle de reproduction. Celui-ci coïncide avec le pic d’abondance des chenilles (utilisées par les mésanges pour nourrir leurs petits) qui se nourrissent de feuilles de chêne. Ce pic survient traditionnellement à la fin mai et en juin. Mais avec l’élévation des températures, la période de végétation des chênes intervient plus tôt dans l’année et les chenilles réagissent en éclosant plus tôt également. Cela signifie que lorsque les poussins de mésanges sont prêts à être nourris, le nombre de chenilles est déjà en train de diminuer. Comme les parents doivent trouver 1 000 chenilles chaque jour pour leur progéniture affamée, tout décalage risque de réduire considérablement le succès de la reproduction.
Les chercheurs ont constaté que même si les oiseaux peuvent s’adapter aux changements climatiques, ils ne le font pas assez rapidement. Les auteurs estiment qu’en vue de l’évolution des changements climatiques, les prédateurs n’arriveront pas à suivre le rythme de la phénologie des proies qui, elles, s’adaptent mieux à leur environnement changeant. En effet, les recherches ont montré qu’une fois que la phénologie des prédateurs a atteint un seuil de 24 jours de retard par rapport à celle de leurs proies, leur extinction rapide est inévitable, malgré une dynamique de population auparavant stable. Il est alors suggéré que la stabilité actuelle de la population pourrait masquer une voie vers l’effondrement, si les fortes émissions de gaz à effet de serre se poursuivent.