Au Mexique, « Opération miracle » pour sauver de l’extinction le marsouin du Pacifique

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2012
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Un bateau, un avion, des canots d’interception rapide : la marine mexicaine est à la manoeuvre dans le golfe de la Basse-Californie (nord-ouest) pour éviter l’extinction du mammifère marin le plus menacé au monde, le marsouin du Pacifique, sous la pression des Etats-Unis et de l’acteur Leornardo Di Caprio.

Dès le lever du jour, au large de la ville de San Felipe, les marins traquent les pêcheurs illégaux autour de la « zone de tolérance zéro », sanctuaire de la « vaquita marina » (la « petite vache marine », son nom en espagnol).  Phocoena sinus est le plus petit cétacé du monde (1,5 mètre, 50 kilos), et aussi le plus menacé, à tel point que des environnementalistes redoutaient son extinction dès cette année.   Il ne resterait qu’entre six et 19 individus, menacés d’étouffement dans les filets des pêcheurs en quête d’une autre espèce très convoitée, le poisson totoaba.  Dès l’aube, des marins et des fonctionnaires vérifient que les pêcheurs disposent d’un permis en règle pour pêcher des espèces autorisées, comme la corvina.  « Ils nous surveillent tous les jours », affirme un pêcheur, Roberto Lopez. « Il faut qu’ils aillent au-delà du +Malecon+ (jetée), de là-bas partent beaucoup d’embarcations qui n’ont pas les autorisations ».  La marine affirme qu’elle a récupéré 70 filets depuis le début de l’année, contre 172 sur l’ensemble de 2021.  L’heure est presqu’à l’optimisme chez les acteurs de cette « Opération miracle », durant un parcours en mer organisé fin mars avec la presse, dont l’AFP.  « Nous voyons une réduction spectaculaire des filets de pêche illégale », explique à l’AFP le directeur exécutif de l’ONG Sea Shepherd, Chuck Lindsey.  « Les efforts de ces trois ou quatre derniers mois signifient que la +vaquita+ dispose de chances de survie comme jamais ces dernières décennies », ajoute le représentant de l’ONG américaine, qui travaille avec la marine mexicaine.

Diplomatie et Di Caprio

La préservation du marsouin du Pacifique est devenu un enjeu diplomatique. En février, les Etats-Unis ont officiellement demandé au Mexique de lancer des « consultations » au sujet de cette espèce en voie d’extinction.  Washington voulait s’assurer que Mexico « remplit ses engagements environnementaux » dans le cadre du traité commercial de libre-échange Mexique-Etats-Unis-Canada (EUMC).   Le Mexique a promis des actions coordonnées pour sauver l’espèce.   Un autre Américain a pris à coeur la cause des « vaquitas », que l’on ne trouve qu’au large des côtes de la mer de Cortès, à quelque 500 km au sud-est d’Hollywood : Leonardo di Caprio.  L’acteur du film « Déni cosmique » (Don’t look up) sur le déni du dérèglement climatique a produit un film sur la lutte contre l’extinction des « vaquitas » et des totoabas, « Sea of Shadow ».  « Quand les cartels de la drogue mexicains et les trafiquants chinois unissent leur force pour braconner le poisson totoaba, leurs méthodes criminelles menacent de détruire virtuellement toute vie marine dans la région », lit-on dans le « pitch » du film.  En août, l’acteur a accusé le gouvernement mexicain de vouloir supprimer la zone de protection du marsouin du Pacifique, en réagissant à des publications de presse.  L' »Opération miracle » a été lancée en 2015 pour sauver le petit cétacé argenté facilement reconnaissable aux cercles obscurs qui entourent ses yeux et sa bouche, ce qui lui vaut également le nom de panda de la mer ».  La population de la « vaquita » a diminué drastiquement car l’espèce a été la victime collatérale de la pèche du poisson totoaba, dont la « vessie-nageoire » se vend jusqu’à 8.000 dollars le kilo en Chine, en raison de ses supposées vertus médicinales.   La vaquita marina est considérée comme une espèce en voie d’extinction depuis 1996 et en 2019 l’Unesco a ajouté le golfe de Californie à sa liste du Patrimoine mondial en danger.