Lutte contre les plantes invasives : trop peu, trop lent, peu efficace…

Photo d'illustration ©martin_hetto de Pixabay

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La mission d’information de l’Assemblée nationale sur la prolifération des plantes invasives et les moyens pour endiguer cette situation a présenté son rapport le 21 juillet. Il constate un manque de moyens et de résultats.

La mission d’information de l’Assemblée nationale sur la prolifération des plantes invasives et les moyens pour endiguer cette situation a présenté le mercredi 21 juillet 2021 son rapport dans lequel elle constate un manque de moyens et de résultats. Selon elle, il est nécessaire de plus financer, coordonner et sensibiliser pour renforcer la lutte contre la prolifération de ces espèces. Le rapport – résultat de dix-neuf auditions et tables rondes réalisées auprès d’acteurs de la nature – dresse un état des lieux préoccupant, indiquant que la France est très touchée par ce phénomène de plantes invasives. De 1 à 10% des 1.379 espèces végétales exotiques recensées en France peuvent être aujourd’hui être considérées comme invasives. Depuis 1979, six espèces envahissantes supplémentaires sont recensées tous les 10 ans dans chaque département métropolitain et aucun territoire ni aucun milieu (terrestre, aquatique et marin) n’est aujourd’hui épargné, soulignent les rapporteurs Nadia Essayan (MoDem, Cher) et Patrice Perrot (LREM, Nièvre).

Il a été relevé que la prolifération des espèces invasives présente divers problèmes inquiétant notamment sur le plan économique et sanitaire. En France, le coût annuel des invasions biologiques serait évalué à 38 millions d’euros (contre 26,8 milliards à l’échelle mondiale). L’arrachage mécanique et manuel de certaines plantes a un coût énorme. C’est le cas de la jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora) présente sur les berges de l’Adour dans les Landes qui a coûté 441 000 euros entre 2016 et 2020. Certaines espèces comme l’ambroisie à feuilles d’armoise ou la berce du Caucase posent quant à elles des problèmes de santé publique. D’autres comme le pin d’Alep, présent sur le pourtour méditerranéen, favorisent les incendies. Les rapporteurs regrettent que la prévention auprès des citoyens et acteurs de la nature soit « insuffisante ». Le rapport préconise un renforcement de la collaboration des acteurs de la gestion de plantes envahissante et la sensibilisation du grand public. Patrice Perrot suggère alors d’allier la sensibilisation du public à sa participation en créant un réseau sentinelle de citoyens avertis pour identifier les urgences locales ce qui permettrait aussi de mobiliser moins d’argent pour mener ce combat.

Les deux rapporteurs conseillent par ailleurs d’améliorer le financement en utilisant les fonds structurels européens, dont les régions sont les gestionnaires. Selon eux, ces fonds peuvent « avoir une réelle utilité pour financer des projets de protection de la biodiversité et donc notamment de lutte contre les espèces exotiques envahissantes ». Nadia Essayan et Patrice Perrot demandent aussi à renforcer la coordination entre les intervenants tels que l’Office français de la biodiversité et l’Office National des forêts pour définir des actions et des espaces prioritaires dans le traitement en s’appuyant sur la recherche. Et par conséquent, ils encouragent à décupler le budget de la recherche-action contre les espèces invasives (qui est aujourd’hui de 3,5 millions d’euros) d’encourager les services de l’État à lancer des appels à projets visant spécifiquement les espèces exotiques envahissantes.

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