Bataille navale dans le Pacifique pour lutter contre l’exploitation minière en haute mer

Photo d'illustration ©Marten Van Dijl / Greenpeace

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Greenpeace International activists onboard the Rainbow Warrior display a banner reading “Stop Deep Sea Mining” close to the Maersk Launcher, a ship chartered by DeepGreen, one of the companies spearheading the drive to mine the barely understood deep sea ecosystem. The Rainbow Warrior is in the Clarion Clipperton Zone in the Pacific to bear witness to deep sea mining industry.
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Greenpeace a hissé les voiles de son Rainbow Warrior à l’occasion d’une manifestation pacifique dans la zone de Clarion-Clipperton au large du sud de la Californie. L’organisation a tenu tête à un navire affrété par DeepGreen, l’une des entreprises à l’origine de la campagne d’exploitation minière en haute mer afin de lutter contre cette activité destructrice des fonds sous-marins.

Étendu par les quatre coins entre les deux mâts du Rainbow Warrior de Greenpeace, une banderole affiche en lettre d’or « Stop Deep Sea Mining » (Arrêter l’exploitation minière en haute mer). Le voilier vert de l’organisation de protection de l’environnement s’est lancé dans une bataille navale contre le navire Maersk Launcher au large du sud de la Californie, dans la zone de Clarion-Clipperton. Ce navire de 90 mètres, peint d’un bleu céleste est affrété par DeepGeeen, l’une des entreprises à l’origine de la campagne d’exploitation minière en haute mer. Ce secteur vise à récupérer de minéraux et des dépôts du fond océanique trouvés à des profondeurs de 200 mètres ou plus. Il est largement critiqué pour son impact sur la biodiversité sous-marine. L’exploitation minière en eaux profondes serait une catastrophe climatique selon les écologistes : elle perturberait les fonctions de puits de carbone des océans, menacerait les populations de poissons, mettant en péril la sécurité alimentaire, et détruirait des écosystèmes encore peu connus.

Le secteur est dominé par une poignée d’entreprises. En décembre 2020 Greenpeace publiait un rapport d’enquête révélant que, par le biais de filiales, de sous-traitants et de partenariats, des sociétés ont pris le contrôle de contrats d’exploitation minière en eaux profondes couvrant un demi-million de kilomètres carrés de fonds marins internationaux dans le Pacifique. Au moment de la publication, l’ONG comptait 30 contrats accordés par l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) des Nations unies, censée être chargée de réglementer toute activité sur les fonds marins « dans l’intérêt de l’humanité tout entière. »

Le 6 avril 2021, deux manifestations ont été organisées par Greenpeace contre cette industrie qui se développe rapidement. L’ONG a déployé son voilier historique, le Rainbow Warrior, le troisième du nom. Cette goélette (voilier à deux mâts de tailles identiques) intervient en mer pour dénoncer les atteintes à l’environnement. Il s’est dressé face au Maersk Launcher dans le Pacifique arborant une banderole « Stop Deap Sea Mining ». Une deuxième manifestation s’est tenue dans le port de San Diego, aux États-Unis où des militants de Greenpeace ont sorti des pancartes affichant le même slogan devant le navire affrété par une autre grande société d’exploitation minière en eaux profondes, Global Sea Mineral Resources (GSR), de Belgique. Ce navire transporte un pré-prototype de robot minier qui doit subir ce mois-ci des tests d’impact à des profondeurs de plus de 4 000 m sur les fonds marins internationaux de l’océan Pacifique.

L’océan profond reste l’un des écosystèmes les moins compris et les moins explorés de la planète, abritant une biodiversité importante et rendant des services écosystémiques non-négligeables. « Ces deux manifestations mettent en évidence les risques de cette industrie extractive naissante, qui progresse rapidement dans ses activités d’exploration et développe des technologies d’exploitation minière en eaux profondes en vue d’une exploitation commerciale de ces dernières », explique Greenpeace dans un communiqué. L’Organisation explique que fin mars, des entreprises telles que BMW, Volvo, Google et Samsung se sont toutes engagées à exclure l’utilisation de minéraux extraits des océans, portant ainsi un coup à cette industrie émergente.