Hommage Ă  Jean-Marie Hullot

Photo © ANES - Guillaume Dambreville

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Jean-Marie Hullot, informaticien et fondateur de la Fondation Iris, est dĂ©cĂ©dĂ© le 17 juin 2019 Ă  l’Ăąge de 65 ans.

Lorsque j’ai rencontrĂ© Jean-Marie Hullot, en 2015, il avait dĂ©jĂ  opĂ©rĂ© sa mue. Le crĂ©ateur de logiciels, le comparse de Steve Jobs, le souffleur d’idĂ©es rĂ©volutionnaires (qui donc a vraiment imaginĂ© l’iPhone ?), bref, l’informaticien de gĂ©nie s’Ă©tait reconverti depuis plusieurs annĂ©es en bienfaiteur de l’environnement. Avec son Ă©pouse Françoise Brenckmann, botaniste de formation, ils avaient crĂ©Ă© en 2012 la Fondation Iris, dĂ©diĂ©e Ă  la sauvegarde de la « fragile beautĂ© du monde ». « Iris », peut-ĂȘtre, car au fil de leurs pĂ©rĂ©grinations Ă  travers le monde, ils avaient ouvert grands leurs yeux voyageurs sur le ciel d’orage dont se couvrait la nature. Chez Jean-Marie, l’Ɠil Ă©tait Ă©galement celui de l’appareil photo, son mĂ©dium de prĂ©dilection, qu’il parait de toutes les vertus Ă©ducatives. Il Ă©tait apĂŽtre de l’image, et Françoise, chantre de la science. Leur alliance a fourni le terreau des convictions environnementales qui animent les missions de conservation et de sensibilisation de la Fondation Iris.

Nous avions plusieurs fois eu l’occasion d’Ă©changer avec passion sur un pays cher Ă  nos cƓurs: l’IndonĂ©sie. L’archipel incarnait tout ce que le monde pouvait encore avoir de « fragile beauté », des derniers orangs-outans aux jardins de coraux multicolores et, forcĂ©ment, tout le cortĂšge de ce qui la menaçait. Jean-Marie et Françoise voulaient dĂ©clarer la guerre Ă  la pollution plastique et Ă  la dĂ©forestation, et avaient pour cela commencĂ© Ă  travailler avec des associations indonĂ©siennes. RĂ©cemment, ils Ă©taient revenus plein d’espoir d’une expĂ©dition en Papouasie occidentale, encore presque vierge de l’empreinte de l’homme, et le livre qu’ils avaient tirĂ© de leurs observations et rĂ©flexions avait Ă©tĂ© l’occasion de nos derniĂšres retrouvailles.

Je regretterai l’homme discret et modeste aux prioritĂ©s bien ordonnĂ©es, le curieux voyageur qui avait compris que tout ce que la planĂšte lui avait donnĂ©, il devait lui rendre au centuple.

Les derniers mots lui appartiennent, rapportĂ©s dans une interview tristement prĂ©monitoire publiĂ©e dans Faunesauvage : « Vous disparaissez ce soir, que laissez-vous comme message ? JMH: Vous ĂȘtes dans un vraiment bel endroit, gardez-le, gardez ces merveilles. Je veux  croire que cela ne disparaĂźtra pas. L’émerveillement, en avoir plein la vue. »