Une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) démontre que l’influence de l’environnement sur les traits écologiques des poissons et met en avant les rôles écologiques assurés par les espèces présentes dans les récifs à travers les océans.
Le bon fonctionnement d’un écosystème a longtemps été attribué à la diversité des espèces qui le compose. Or, il est maintenant démontré que c’est principalement la diversité des traits écologiques de ces espèces qui influence réellement les écosystèmes. Les traits écologiques correspondent aux caractéristiques morphologies, physiologiques ou comportementales (stratégie de reproduction et d’alimentation, respiration, croissance…). Ces traits sont également reconnus comme la réponse aux changements globaux mais sont pourtant mal documentés. Une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Science (PNAS) a analysé l’influence de l’environnement sur la composition des traits sur des populations de poissons récifaux et met en avant les rôles écologiques universels assurés par ces espèces à travers les océans.
L’équipe de scientifiques a montré un lien très fort entre la similarité en traits des poissons récifaux pour deux régions données et leur similarité environnementale (climat et habitat) et ce, malgré leur éloignement géographique et un passé évolutif différent. Les auteurs se sont appuyés sur des données collectées en plongées par le Reef Life Survey sur 89 régions tropicales et tempérées. « Nous avons observé des espèces aux tailles corporelles plus importantes dans les latitudes plus élevées alors que les récifs des régions tempérées avaient plus d’espèces piscivores et les régions tropicales plus d’espèces diurnes », précisent-ils. Un communiqué de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB) qui a synthétisé les résultats des recherches explique qu’« Ainsi, les conditions environnementales ont principalement façonné les compositions en traits des poissons récifaux à l’échelle globale, indépendamment de l’identité des espèces présentes. »
La FRB ajoute que malgré des différences de composition en traits des poissons récifaux liés au gradient environnemental « les chercheurs ont identifié 21 groupes de traits qui définissent 21 rôles écologiques et qui sont présents dans toutes les régions marines du globe aussi bien tempérées que tropicales, quelle que soit la composition en espèces ». Les auteurs soulignent alors que « cette structure commune à tous les récifs souligne que des rôles écologiques universels existent sur tous les récifs et sont assurés par une grande diversité d’espèces et de lignées évolutives ». Les scientifiques mettent en avant leur conclusion selon laquelle les conditions environnementales jouent bel et bien un rôle prépondérant dans la structuration de la biodiversité mondiale. Ils suggèrent également que des stratégies de gestion basées sur les traits devraient être appliquées dans des régions où se trouvent des espèces différentes, ce qui pourrait améliorer les comparaisons et évaluations des mesures de protection. Enfin, ils alertent sur le fait que la composition des traits, et par conséquent le fonctionnement des écosystèmes, pourraient être considérablement modifiés par les inévitables changements environnementaux à venir.