Une nouvelle étude affirmer que la perte de diversité génétique de la population de saumons de l’Atlantique en Suède, liée à l’empoissonnement, pourrait compromettre la capacité du poisson à s’adapter au changement climatique.
Si la pisciculture a été conçue, entre autres, comme une façon de revigorer les stocks de poissons en déclin, elle a engendré un problème : la diminution de la diversité génétique. Une étude montre aujourd’hui que la composition génétique des populations de saumon de l’Atlantique d’il y a un siècle est plus similaire que distincte de celle du stock actuel dans 13 rivières suédoises, ce qui, selon les chercheurs, pourrait compromettre la capacité du poisson à s’adapter au changement climatique.
Dans l’étude, les chercheurs ont analysé l’ADN extrait de 893 écailles de saumon de la Baltique archivées, collectées par des pêcheurs et des biologistes de la pêche en Suède dans les années 1920. Cet ADN a été comparé à 787 échantillons contemporains. Sur les 13 rivières étudiées, cinq seulement abritent des populations de saumon qui ont été élevées par l’homme, écrivent les chercheurs dans la revue Proceedings of the Royal Society B.
Dans les années 1920 et 1930, il y avait très peu d’industries dans la région, mais dans les années 1950 et 1960, le secteur de l’hydroélectricité était en plein essor. C’est à cette époque que l’élevage de poissons à grande échelle a pris son essor en tant que mesure d’atténuation du déclin de l’espèce. Selon l’auteur principal de l’étude, le Dr Johan Östergren, de l’Université suédoise des sciences agricoles, il est évident que les changements génétiques ont commencé à se produire à la même époque.
Les problèmes liés à l’empoissonnement – l’action de relâcher des poissons d’élevage pour revigorer les populations sauvages – commencent dès le départ : les saumons choisis par les écloseries sont généralement les mêmes : ils sont sélectionnés pour leur croissance rapide, mais sont largement dépourvus des capacités de survie propres aux stocks sauvages. Si les saumons d’élevage s’échappent de leur enclos ou s’éloignent du plan d’eau qui leur a été attribué et finissent par se mélanger aux espèces sauvages, ils garantissent à leur progéniture un tirage au sort inférieur dans la loterie génétique.
Par exemple, si un saumon d’élevage de la rivière A s’égare dans la rivière B, qui abrite exclusivement des saumons sauvages, la diversité génétique résultant de la reproduction entre les deux dans la rivière B sera techniquement améliorée. Mais dans l’ensemble, les espèces des deux rivières deviendront génétiquement plus similaires, ce qui pourrait diminuer la capacité du saumon à s’adapter aux changements environnementaux. En fait, étant donné que la progéniture mixte est susceptible d’avoir une génétique inférieure et a donc moins de chances de survivre, l’empoissonnement pourrait même ne pas inverser le déclin des populations de saumons à long terme.
L’étude en conclut que l’empoissonnement n’est pas la meilleure façon d’atténuer le déclin des espèces de poissons, et qu’une approche plus scientifique est nécessaire.