🔻 Les zones économiques spéciales chinoises sont des plaques tournantes du trafic d’espèces sauvages

Photo d'illustration ©jprohaszka de Pixabay

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L’organisme de surveillance du commerce des espèces sauvages TRAFFIC révèle que de 2019 à 2020, près de 78 000 produits illégaux d’espèces sauvages ont été vendus dans plus de 1 000 points de vente au Laos, en Thaïlande, au Vietnam, au Myanmar et au Cambodge. Une part importante de cette activité s’est faite dans les zones économiques spéciales chinoises.

Les zones économiques spéciales ont été créées pour promouvoir le commerce entre la Chine et ses voisins d’Asie du Sud-Ouest. Une étude de marchés réalisée par l’organisme de surveillance du commerce des espèces sauvages TRAFFIC révèle que de 2019 à 2020, près de 78 000 produits illégaux d’espèces sauvages ont été vendus dans plus de 1 000 points de vente au Laos, en Thaïlande, au Vietnam, au Myanmar et au Cambodge. L’organisation explique par ailleurs qu’une grande partie de cette activité commerciale provenait des zones économiques spéciales telles que Boten et Bokeo au Laos et Sihanoukville au Cambodge. Agkillah Maniam, consultant de TRAFFIC explique dans un entretien avec le site d’informations Mongabay que « ces zones existent pour faciliter le commerce, l’investissement et la croissance économique » mais que « leurs lois spéciales sur les affaires et l’accent mis sur le marché libre ont contribué à l’essor des opérations illégales des espèces sauvages ».

Sur les 1 000 points de ventes, plus de 70 % des articles vendus dérivaient d’éléphants, en particulier des produits en ivoire. Les étals des marchés offraient également la possibilité d’acheter des écailles de pangolins ou encore des pendentifs en forme de calao. Mongabay rapporte qu’une grande partie de la demande de produits de la faune sauvage interdits dans ces régions provient des touristes chinois. Avant que la crise de la covid-19 ne paralyse les flux touristiques, quelque 20 millions de touristes chinois visitaient chaque année les cinq pays du Bas-Mékong, indique le média. « Le flot de dollars touristiques qu’ils apportaient depuis des années avait façonné le développement de zones économiques spéciales comme Boten, Bokeo et Sihanoukville, les transformant en villes de casinos en plein essor ».

Yoganand, responsable régional de la faune sauvage et de la criminalité liée à la faune sauvage au WWF Grand Mékong, qui est basé au Laos explique à Mongabay que « Lorsque la Chine a mis fin au commerce de l’ivoire à l’intérieur de ses frontières en 2017, le commerce dans la région du Grand Mékong est devenu « plus important ». Il y a beaucoup de touristes chinois, donc même si une petite proportion achète de l’ivoire et d’autres produits de la faune, cela reste un volume énorme. ». Bien que la demande d’ivoire ait diminué en Chine depuis l’interdiction de 2017, « les touristes sortent toujours dans d’autres régions où le commerce a lieu et ils alimentent le commerce par leurs achats », a-t-il ajouté. Avec la fermeture des frontières en raison de la pandémie de la covid-19, l’activité commerciale a diminué, mais d’après TRAFFIC, l’impact post-pandémique sur le commerce régional de la faune reste à voir.