Une récente analyse de l’ONG Global Witness a révélé qu’une poignée de banques et d’investisseurs chinois ont fourni des milliards de dollars à des entreprises liées à la déforestation dans le monde entier entre janvier 2013 et avril 2020.
Selon une nouvelle analyse de l’ONG spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles des pays en développement Global Witness, quelques banques et investisseurs chinois ont injecté plus de 22,5 milliards de dollars américains dans des entreprises produisant et commercialisant des produits à base de pâte à papier, caoutchouc, bois, huile de palme, soja et viande bovine, encourageant ainsi la déforestation. Les banques ayant joué un rôle clés sont l’Industrial and Commercial Bank of China, la Bank of China, la Bank of communications, l’Agricultural Bank of China et la China Construction Bank. D’après le rapport, la Chine est actuellement le sixième bailleur de fonds de la déforestation mondiale au cours de cette période, derrière les grands producteurs de matières premières que sont le Brésil, la Malaisie, les États-Unis et l’Indonésie.
Les données récoltées par Global Witness basées sur des données publiques de la coalition internationale Forests & Finance dévoilent également que cinq des plus grandes banques commerciales chinoises étaient responsables de 45 % de tous les fonds fournis par les financiers chinois à ces secteurs au cours de cette période. Le rapport a souligné que cinq des entreprises qui ont reçu le plus de financement de la part des banques chinoises pour leurs opérations de soja et de bœuf au Brésil – ADM, COFCO International, Cargill, Bunge et Louis Dreyfus Company – étaient toutes liées à la déforestation. Ensemble, ces cinq entreprises ont engendré 161 018 hectares de défrichement de forêts de mars 2019 à mars 2021.
Le document révèle également que les banques chinoises ont versé 3,2 milliards de dollars à 28 groupes producteurs d’huile de palme au cours de cette période dont COFCO, ADM et Bunge. COFCO a reçu la plus grosse part des financements avec 2,1 milliards de dollars accordés à ces opérations. La société qui opère principalement en tant que négociant et raffineur ne produit pas sa propre huile. Le rapport note que plus de 70 de ses fournisseurs ont été liés à de possibles risques environnementaux ou sociaux malgré un code de conduite des fournisseurs qui interdit la déforestation, a constaté Global Witness.
L’ONG soutient que les banques chinoises doivent s’engager à ne plus soutenir les entreprises impliquées dans la déforestation, d’autant que le pays « est bien placé pour parvenir rapidement à un financement sans déforestation car une grande partie de son financement des produits de base à risque pour la forêt est assurée par un petit nombre de banques chinoises ». La loi chinoise régissant les banques commerciales devrait être révisée cette année. Global Witness et d’autres militants demandent alors aux décideurs politiques d’exiger explicitement des banques commerciales qu’elles veillent à ne pas financer des entreprises liées à des dommages environnementaux et sociaux, que ce soit localement ou ailleurs.