De l’effet du broutage des cerfs sur le chant des oiseaux (2 mn)

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Les habitudes alimentaires du cerf de Virginie façonnent les propriétés acoustiques de son habitat forestier, affectant potentiellement la communication vocale des oiseaux chanteurs des sous-bois et d’autres espèces, selon une étude publiée dans la revue PLOS ONE sous la direction de  Timothy J. Boycott du Vassar College, USA

Les populations de cerfs de Virginie (Odocoileus virginianus) augmentent partout en Amérique du Nord. Leurs habitudes alimentaires (broutage) façonnent directement leur habitat forestier, principalement en réduisant l’abondance et la diversité des arbustes et des arbres du sous-bois. Les zones fortement boisées ont tendance à se réverbérer et à diffuser le son plus facilement que les espaces ouverts, et la transmission du son est donc un élément crucial de la communication pour les espèces, y compris les oiseaux chanteurs.

Pour déterminer l’effet du broutage du cerf sur la transmission du son, les chercheurs ont joué des sons enregistrés représentant des sons d’oiseaux chanteurs et des trilles, ainsi que du bruit blanc, dans des parcelles jumelées qui étaient soit clôturées pour exclure les cerfs, soit laissées ouvertes aux cerfs. Pour comparer les différences acoustiques entre les placettes, les auteurs ont examiné la fidélité, l’amplitude et l’atténuation des sons sur les placettes.

Les parcelles broutées par les cerf présentaient une fidélité au son beaucoup plus grande que les parcelles « hors-cerfs », bien qu’il n’y ait pas de différence d’amplitude significative, ce que les auteurs attribuent à la densité réduite de la végétation de sous-bois dans les parcelles où les cerfs étaient présents. Les résultats suggèrent que les vocalisations des oiseaux chanteurs pourraient être plus efficaces et transmettre l’information plus clairement, à la fois aux récepteurs visés et aux récepteurs non visés comme les prédateurs, dans les environnements broutés par les cerfs.

Cette étude a examiné la transmission du son sur des distances de 11 m ou moins, de sorte que des études futures examinant les vocalisations d’oiseaux chanteurs sur de plus longues distances et avec différents niveaux de broutage du cerf pourraient être nécessaires. Néanmoins, ces résultats suggèrent que le broutage du cerf de Virginie dans les forêts pourrait avoir des effets acoustiques aussi bien qu’écologiques. « Bien que nous en sachions beaucoup sur les effets du broutage du cerf sur la végétation et que nous en sachions beaucoup sur les effets de la végétation sur la propagation du son, les deux n’avaient jamais été liés.  Ici, nous regardons au-delà de l’écologie traditionnelle de l’abroutissement du cerf et nous nous demandons comment le cerf pourrait influencer l’espace de communication pour les animaux », explique Megan D. Gall, membre de l’équipe de chercheurs.