Kenya: un tribunal suspend la reprise de l’exploitation des forêts

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Un tribunal kényan a suspendu jeudi la décision du président William Ruto d’autoriser la reprise de l’exploitation des forêts après plus de cinq ans d’interdiction, qui avait suscité la colère d’associations de protection de l’environnement.

Le tribunal de l’Environnement et de la terre de la capitale kényane Nairobi a toutefois autorisé l’abattage de 5.000 hectares d’arbres matures, qui est « en stricte conformité » avec une évaluation menée par une agence gouvernementale et la réglementation en vigueur.  William Ruto avait expliqué début juillet que la reprise de l’exploitation visait à créer des emplois et à développer les secteurs de l’économie qui dépendent des produits forestiers, et qu’elle ne concernait que les arbres arrivés à maturité dans les forêts plantées et gérées par l’État.  La décision avait suscité la colère d’associations de protection de l’environnement et un recours avait été déposé par la Law Society of Kenya (LSK), association professionnelle d’avocats.  Selon la LSK, le gouvernement n’a pas consulté la communauté scientifique sur l’impact environnemental d’un retour à l’exploitation, « au mépris total du rôle crucial que jouent les forêts dans l’atténuation du changement climatique, la préservation de la biodiversité et la sauvegarde d’écosystèmes vitaux ».  Le tribunal de l’Environnement et de la terre de Nairobi a statué jeudi que cette mesure était « nulle et non avenue », en raison de l’absence de débat public.   « Les pétitionnaires et les membres du public ont le droit de participer à l’élaboration des lois, réglementations et lignes directrices régissant les activités forestières », a affirmé le juge Oscar Angote.  L’interdiction d’exploitation des forêts avait été prise en février 2018 pour enrayer la disparition rapide des forêts au Kenya.  Les défenseurs de l’environnement estiment qu’en revenant sur cette interdiction, le président Ruto est allé à l’encontre d’une promesse de sa campagne présidentielle. Elu en août 2022, William Ruto avait notamment fait de la plantation de 15 milliards d’arbres une mesure-phare de son programme contre le changement climatique.  Par ailleurs, le ministre de l’Environnement Soipan Tuya a annoncé jeudi que 23 agents du service en charge de la gestion des forêts avaient été licenciés après avoir été « reconnus coupables de fautes graves pour divers actes d’encouragement et de connivence avec des criminels dans la destruction » des forêts kényanes.  Le président Ruto a ordonné leur renvoi, les qualifiant de « saboteurs ».  L’industrie forestière a contribué à hauteur de 1,6% au PIB kényan l’an dernier, selon les statistiques officielles, qui indiquent également que les forêts couvraient 8,8% du territoire en 2022.   L’industrie du bois emploie environ 50.000 personnes directement et 300.000 indirectement, selon les chiffres du gouvernement, dans ce pays d’Afrique de l’Est touché par le chômage et l’inflation.