La justice a annulé la décision de la petite commune du Neubourg (Eure) d’abattre 167 hêtres, eu lieu de 30, un projet qui a rassemblé contre lui 74.694 signatures
Saisi par France nature environnement (FNE) et le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), le tribunal a annulé les arrêtés municipaux de décembre 2020 « en tant qu’ils n’ont pas limité l’autorisation d’abattage accordée à 30 arbres », selon la décision datée du 10 mars dont l’AFP a reçu une copie. Les arbres ont été abattus le 17 janvier 2022, selon FNE. Une pétition avait demandé à cette commune de 4.300 habitants de renoncer à « l’abattage total » des 167 hêtres de « l’allée du Champ de bataille » fermée par la ville pour risques de « chute d’arbres ». « Il n’est pas suffisamment établi que la présence du polypore géant (un champignon ndlr) présente un risque de contamination rapide de certains arbres de nature à justifier, afin de protéger leur état sanitaire, l’abattage total des 167 arbres de l’allée », estiment les juges dans leur décision. Dans un rapport issu d’un diagnostic réalisé en mai 2020, l’Office national des forêts (ONF) estimait « que seuls 30 arbres » devaient faire l’objet d’un abattage en raison de +défauts irréversibles+ », rappelle le tribunal. Le tribunal relève en outre « la présence de sept espèces protégées d’oiseaux sur le site de l’allée du Champ de Bataille » relevée par un inventaire réalisé par la Ligue de Protection des Oiseaux les 20 et 26 décembre 2020. Un arrêté préfectoral de « dérogation » daté du 14 janvier avait « autorisé la commune du Neubourg à procéder à la destruction de sites de reproduction ou d’aires de repos d’animaux d’espèces animales protégées pour le réaménagement de l’allée du Champ de bataille ». La préfecture estimait que le « projet » d’abattage répondait à « une exigence de mise en sécurité du site ». FNE a également introduit un recours contre cet arrêté, a indiqué à l’AFP André Berne, son vice-président. Pour cet ingénieur des eaux et forêts, comme pour Adrien Brunet, initiateur de la pétition, les motivations de la mairie pourraient être financières. Selon des devis adressés à la mairie du Neubourg dont l’AFP a eu une copie, l’abattage de 167 arbres coûte deux fois moins cher que celui de 30, les arbres sains récupérés par l’entreprise ayant une valeur marchande.