Le lynx souffre, le loup reste conquérant (3 mn)

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Un lynx a été abattu sur la commune de Fellering, dans le Haut-Rhin, fragilisant la population de ce félin protégé dont la destruction est interdite. Le loup, lui, poursuit sa colonisation du territoire national.

Une enquête judiciaire a été ouverte pour tenter de retrouver l’auteur du braconnage d’un lynx, retrouvé le 16 janvier, « un spécimen mâle adulte qui n’était pas connu des services de l’office français de la biodiversité dans le cadre du programme national de connaissance et de suivi de cette espèce patrimoniale (réseau loup/lynx) »,a précisé la préfecture du Haut-Rhin. Une autopsie a révélé « l’origine probable de la mort de l’animal par arme à feu ». Une enquête a été ouverte, sous l’égide de la procureure de la République de Mulhouse. Il s’agit du premier lynx abattu dans l’est de la France depuis 2014, quand une femelle avait été tuée dans le Jura, le département qui abrite la quasi totalité de la population française du félin. L’analyse vétérinaire d’un lynx capturé en 2017 dans le Doubs, mort durant son transfert, avait également révélé que le corps de l’animal était criblé de plus de 120 plombs, provenant vraisemblablement d’un tir de fusil de chasse remontant à 2013 ou 2014. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]

« Le massif des Vosges est un lieu naturel de présence du lynx et pourrait accueillir une vingtaine d’animaux si on leur laissait la chance de vivre sereinement, a regretté l’association Alsace Nature, qui souhaite se constituer partie civile dans ce dossier. Réintroduit en 1983, la population ne doit sa très faible présence qu’à une longue suite de tueries », déplore encore l’association.

Pendant ce temps le loup, lui, poursuit sa colonisation du territoire. Le bilan du suivi estival 2019, qui vient d’être rendu public par l’Office français de la biodiversité (OFB), recense 97 zones de présence permanente du loup dont 80 meutes, avec une poursuite du développement de l’espèce moins importante que celle constatée l’année dernière. Les nouveaux groupes sociaux mis en évidence s’installent essentiellement en périphérie de l’aire de présence historique de l’espèce. Les Alpes du nord connaissent l’installation de trois nouveaux groupes, au nord de la Savoie et aux portes de la vallée du Rhône. Une nouvelle meute est observée dans le massif méditerranéen des Maures. Enfin, une toute première reproduction est identifiée hors du massif alpin, dans le massif jurassien. Un grand canidé a été aperçu en Charente, et authentifié comme un loup, première apparition de l’animal dans ce département depuis près d’un siècle, selon l’OFB, pour qui cette présence d’individus « dispersés » n’a rien d’étonnant.

L’animal a été filmé et pris en photo lundi matin, trottant sur la route et une parcelle agricole près de Gurat, dans le sud-est de la Charente, à la limite de la Dordogne, et authentifié comme spécimen de loup gris (canis lupus lupus) par les agents spécialisés de l’OFB, ont indiqué mardi l’Office et la préfecture de Charente. Depuis l’éradication du loup en France dans les années 30, et sa réapparition naturelle au début des années 1990, via l’Italie et les Alpes du Sud, c’est le premier signalement de loup en Charente. En Nouvelle Aquitaine, sa présence est « occasionnelle » et a été avérée en Dordogne en 2015, dans les Pyrénées-Atlantiques en 2018 et 2019, et récemment mi-novembre, dans le sud-ouest de la Charente-Maritme, rappelle l’OFB. Ce type d’observation fortuite et isolée d’individus « n’a rien d’étonnant, et relève d’un comportement courant » du loup, , a expliqué à l’AFP Yann de Beaulieu, chargé de mission « grands prédateurs » à l’OFB Nouvelle-Aquitaine. Automne et début d’hiver correspondent en effet à une phase de « dispersion » du loup, ou des individus sont contraints de quitter une meute « cantonnée » pour chercher un nouveau territoire. Ce type de déplacement « par bonds » est caractéristique de l’espèce, et « un individu peut parcourir jusqu’à 800 km en six mois », a précise M. de Beaulieu, sans pour autant être détecté en chemin, d’où ces apparitions en forme « d’éclipse, une observation puis plus rien pendant des mois ». Selon l’Office national de la Chasse et de la Faune sauvage (ONCFS – désormais intégrée à l’OFB), la population de loups était estimée au sortir de l’hiver 2018-2019 à 530 adultes, contre 430 un an plus tôt, avec une concentration dans les Alpes, le Sud-Est et l’Est, mais un front de colonisation qui se déplace.

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