20 à 8 : les Sharks n’ont pas pesé lourd samedi face à Toulouse…
Pour aller chercher les quatre points de cette victoire à Durban, en Afrique du sud, les rugbymen toulousains ont dû parcourir 22 000 kilomètres en 31 heures de vol, pour jouer… pendant deux fois quarante minutes !
Outre les 23 joueurs de la feuille de match, un tel déplacement embarque nécessairement l’encadrement sportif, un officiel par-ci par-là, le staff médical, au moins un préparateur physique, un responsable de la logistique… Bref, au bas mot 40 personnes. Et 3 tonnes de CO2 par siège, soit au minimum 120 tonnes au total. L’équivalent de 10 fois le tour de la Terre en voiture ! Et ne parlons pas des supporters qui auront eux aussi fait le déplacement. Quand on aime, on ne compte pas…
Que les équipes nationales des deux hémisphères s’affrontent régulièrement, comme c’est le cas depuis des années lors des tournées d’automne, ou tous les quatre ans à l’occasion du Mondial, quoi de plus normal ? Mais il s’agît là d’autre chose : depuis 2022, c’est le championnat d’Europe des clubs, rebaptisé pour l’occasion Champions cup, qui s’est étendu aux équipes sud-africaines. Outre le caractère vaguement néo-colonial de l’affaire, le message adressé aux jeunes joueurs des clubs, voire aux supporters, est calamiteux.
Dans le milieu du rugby, quelques voix se sont élevées contre cette aberration. L’ancien « coach » du XV de France et de Montpellier Philippe Saint-André s’en est ému sur les ondes : « On est dans une période où on parle beaucoup de réchauffement climatique, de CO2, et je ne suis pas sûr que le rugby soit un bel exemple en ayant invité l’Afrique du Sud ». Le capitaine toulousain Antoine Dupont, que son statut de star mondiale du ballon ovale autorise à parler clair, a émis quelques réserves sur le format de cette compétition, sans préciser s’il regrettait l’aberration écologique qu’elle constitue ou la fatigue infligée aux joueurs, au milieu d’un calendrier déjà fort chargé.
Faudra-t-il que les joueurs mettent un genou à terre, ou refusent carrément de jouer ce type de match, pour faire entendre « raison » aux financiers qui ont désormais pris les commandes du rugby ?

