On construit des barrières supposées infranchissables, bardées de la technologie la plus pointue, derrière lesquelles on se sent à l’abri, tout-puissants. Et quand l’Autre, érigé en ennemi à abattre, franchit malgré tout ces pauvres lignes Maginot high-tech et vient semer la mort et le chaos, on reste démunis, impuissants. Sidérés.
On assigne à résidence des millions d’individus à qui l’on dénie le simple droit de se mouvoir, d’explorer de nouveaux espaces, de se rencontrer, de trouver l’âme sœur sinon dans leur environnement immédiat, de rêver à des ailleurs, et on affiche son indignation étonnée le jour où ces individus embastillés font péter le couvercle de la cocotte-minute. Alors on sort les engins mécaniques de destruction massive, les armes les plus sophistiquées, les poisons les plus violents, et on inflige en retour la mort et le chaos.
On établit des colonies partout sur le territoire de l’Autre, on réduit et on fragmente son habitat, on le contraint à passer par des points préétablis, contrôlés, surveillés. Sans le moindre égard pour ses envies, ses besoins biologiques ou spirituels, ses aspirations.
On maquille en légitime défense crimes « de guerre » et terreur infligée.
On enrégimente la société derrière ces pratiques, à coups de concepts assénés au son du clairon : la Dignité de la Personne Humaine (avec des majuscules partout), la Civilisation, le Progrès, les Valeurs (les nôtres, s’entend) réputées universelles, l’Ordre public. On pervertit ces notions dans une novlangue destinée à brouiller tout repère.
Au nom de ces « valeurs », on musèle toute voix dissonante, on interdit, on réprime, on dissout, on foule aux pieds toutes les conventions internationales sur les droits humains, on envoie les robocops et on absout par avance leurs dérapages. On diffuse des fausses nouvelles, on violente la démocratie en arguant d’un improbable intérêt supérieur. Et on habille ce glissement illibéral de lois et de décrets destinés à préserver l’illusion d’un État de droit.
Il va de soi que toutes ces remarques se rapportent à notre relation aux écosystèmes, aux autres espèces, au vivant autre qu’humain.
A quoi pensiez-vous ?
Évidemment, le parallèle a ses limites. Mais les conséquences désastreuses du terrorisme érigé en politique par les deux parties dans le conflit du Proche-Orient devrait nous conduire à réfléchir, aussi, sur notre comportement à l’égard de nos voisins de planète, les vivants non-humains.