Chasseurs et agriculteurs sont parvenus à un accord pour, avec le concours de l’Etat, réduire de 20 à 30% d’ici trois ans les dégâts causés sur les cultures par la prolifération de certains grands gibiers comme les sangliers.
La Fédération nationale des chasseurs (FNC) et l’Etat d’une part, et les représentants des organisations agricoles (FNSEA, JA, APCA, Confédération paysanne et Coordination rurale) d’autre part, ont signé au Salon de l’agriculture deux protocoles d’accord sur les « dégâts de gibier », finalisant la concertation entamée il y a deux ans. Perte de rendements agricoles, trésoreries des fédérations de chasse à sec… Ce sujet crispe depuis des années les relations dans les campagnes. Depuis la suppression en 1968 du « droit d’affût » des agriculteurs, leur permettant de tuer les grands gibiers qui s’introduisent sur leurs parcelles, ce sont les fédérations de chasse qui gèrent la régulation et par conséquent l’indemnisation des dégâts. Une charge de plus en plus lourde, notamment en raison de la baisse du nombre de chasseurs dans certains régions, synonyme de baisse des cotisations. Pour 2022, les chasseurs rapportent avoir pris en charge 77 millions d’euros de dommages, via les fédérations, dont 44 millions versés en indemnisations. Les deux accords comprennent « une boîte à outils » pour notamment augmenter les prélèvements de sangliers et baisser le seuil de déclenchement des compensations. L’ensemble de ces mesures seront accompagnées d’un accompagnement de l’Etat sur le plan financier, a indiqué la FNC. L’objectif sera, d’ici 3 ans, de réduire de 20 à 30% les surfaces agricoles détruites par les sangliers au niveau national par rapport à celles de 2019, estimées autour de 30.000 hectares selon les agriculteurs. Selon les estimations à partir des sangliers tués — 842.000 en 2022, contre 35.000 environ au début des années 1970 –, la France pourrait en compter environ un million. Les raisons de cette explosion démographique ? Un régime alimentaire omnivore qui permet à ces suidés de s’adapter facilement, un taux de reproduction rapide, une survie des petits favorisée par des hivers plus doux en raison du réchauffement climatique et une élimination des prédateurs naturels de l’animal, comme le loup ou le lynx. Se sont ajoutées des pratiques de chasse dites « conservatrices », consistant à éviter de tuer les reproducteurs pour développer les populations de grands gibiers, et une tendance à nourrir ces animaux, d’abord pour les éloigner des cultures mais aussi parfois pour les attirer dans des zones de chasse.