Face à l’interdiction des mouillages des grands yachts dans certaines zones de Méditerranée française, jusqu’à douze nouveaux mouillages écologiques seront installés d’ici l’été pour conserver cette manne financière, ont annoncé mercredi la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la ministre de la Mer.
Ces coffres flottants doivent leur permettre de s’amarrer sans détruire avec leur ancre les herbiers de posidonie, une plante protégée qui pousse extrêmement lentement. Les célèbres stations balnéaires de Saint-Tropez, Golfe Juan et Beaulieu/Eze sont déjà candidates, les autres restent à concrétiser. Ces équipements seront cofinancés par la région et l’État. Onze autres projets de ce type ont déjà été financés en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en Corse. Le président de la région Renaud Muselier a souligné lors d’une présentation au siège de la collectivité à Marseille le « risque que l’arrêté mouillage faisait peser sur la filière », précisant qu’il ne croyait pas en la « sanctuarisation mais dans les solutions ». Le secteur de la grande plaisance pèse dans la région un milliard d’euros, 15.000 emplois et affiche un taux de croissance de 15%/an depuis 2015, a rappelé Éric Levert, le Directeur interrégional de la mer. Haut-lieu du yachting international, la Côte d’Azur et Monaco sont concurrencés par l’Italie, la Grèce, la Turquie ou la Croatie. Pour Annick Girardin, ministre de la Mer, « ce n’est pas qu’une question de réglementation, il faut aussi accompagner les acteurs pour développer des solutions », vantant « l’écologie pragmatique ». Depuis 2020, la France interdit le mouillage des yachts de plus de 24 mètres dans certaines zones de la Côte d’Azur et de la Corse, afin de protéger la posidonie, dont les prairies servent de nurseries aux poissons mais aussi de puits de carbone et de protection contre l’érosion. L’été dernier, près de 500 infractions ont été constatées, la plupart sur la Côte d’Azur, entre le cap Ferrat et le cap Dramont (NDLR: entre Nice et Fréjus), selon la préfecture maritime, autorité garante en France de la gestion durable des mers. La peine maximale encourue pour ces mouillages illégaux est de 150.000 euros d’amende et un an d’emprisonnement. La pollution des yachts est aussi problématique quant à la qualité de l’air: selon une étude d’Atmosud réalisée dans le port de Nice, un yacht non branché à quai génère par exemple autant de dioxyde d’azote que 250 voitures, et autant de particules fines que 1.000 voitures lorsqu’il utilise ses générateurs pour produire l’électricité du bord. En Espagne, les îles Baléares ont également pris des interdictions de mouillage pour protéger la posidonie depuis 2018.