En danger, l’antilope saïga a vu sa population plus que doubler en deux ans

Photo d'illustration © Andrey Giljov / Wikimedia

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La population d’antilopes saïgas du Kazakhstan a plus que doublé depuis 2019, ont annoncé vendredi 28 mai les autorités de ce pays de steppes en Asie centrale, une nouvelle rassurante pour cette espèce emblématique en danger critique d’extinction.

La première étude aérienne réalisée en deux ans a révélé que la population de saïgas, un animal reconnaissable à son long museau arrondi semblable à une petite trompe, était passée de 330.000 à 842.000 individus. Le ministère kazakh de l’Ecologie, qui a révélé la bonne nouvelle, s’est félicité de ce boom démographique qu’il a qualifié d' »indicateur de l’efficacité des mesures de conservation des populations et de lutte contre le braconnage« . Le Kazakhstan, grand comme cinq fois la France et peuplé de 18 millions d’habitants, abrite l’immense majorité des animaux de cette espèce aux immenses migrations, qui peuvent se rassembler l’hiver en troupeaux de dizaines de milliers de têtes. La Mongolie et la république russe de Kalmoukie, frontalières du Kazakhstan, en abritent de leur côté de petites colonies. La saïga revient de loin. En 2015, environ 200.000 de ces animaux avaient été décimés par une bactérie nasale s’étant développée à cause de températures anormalement chaudes et humides, faisant peser une grave menace sur la survie de l’espèce. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont la « liste rouge » est la référence scientifique pour les espèces menacées, classe la saïga parmi les cinq espèces d’antilopes en danger critique d’extinction.

Principal danger pour l’animal, le braconnage qui a explosé après la dislocation de l’URSS, dont le Kazakhstan faisait partie. A l’époque soviétique, la saïga bénéficiait d’une protection renforcée. Jusqu’en 1950, sa chasse était interdite puis des quotas très stricts furent imposés, sa population atteignant les deux millions d’individus. Les nouvelles autorités kazakhes n’ont longtemps pas eu les moyens ni la volonté de lutter contre ce braconnage alimentant un trafic juteux vers la Chine voisine où les cornes de saïgas mâles sont utilisées par la médecine traditionnelle. Elles se sont toutefois engagées à agir, notamment après la mort en 2019 de deux gardes-chasse dont l’un battu à mort par des braconniers, qui avait ému le pays. Le travail à faire dans ce domaine reste colossal. En avril, la police kazakhe a annoncé avoir arrêté deux hommes responsables du braconnage de plus de 800 cornes de saïga en moins d’un an, d’une valeur totale de plusieurs millions d’euros.

Au cours d’un voyage en mai dans les steppes du nord-ouest du Kazakhstan, en pleine saison de mise à bas, des experts ont affirmé à l’AFP que les mesures contre le braconnage rencontraient du succès. Albert Salemgareïev, de l’Association kazakhe pour la préservation de la biodiversité, assure ainsi qu’une « dynamique positive » est à l’œuvre : « Non seulement le nombre des saïgas augmente mais le nombre des mâles par rapport au nombre des femelles augmente également« . Ainsi, le ratio mâles/femelles est passé d’un pour 17 il y a cinq ans à un pour huit, s’est-il félicité. La perte d’habitat liée à l’extension agricole, le changement climatique avec des hivers trop rigoureux et des étés trop secs peuvent aussi faire du mal à cette espèce fragile, qui a en outre été décimée à plusieurs reprises par des épizooties de pasteurellose. En 1988, 434.000 bêtes avaient péri et en 1984, c’était 250.000 animaux qui étaient morts de cette maladie. Mi-mai, le ministère de l’Ecologie avait annoncé que 350 antilopes avaient été tuées par la foudre en pleine saison de mise à bas.