Lors du sommet virtuel des leaders climatiques, le président brésilien Jair Bolsonaro promettait de prendre des mesures pour favoriser la protection de la forêt amazonienne. Le jour même, alors qu’il adoptait le budget annuel du pays, il a accepté de réduire considérablement les fonds destinés à la surveillance de l’environnement.
Surprenant, sans l’être vraiment : le président Brésilien a encore failli à sa promesse de ne plus porter atteintes aux efforts de conservation de la forêt Amazonienne. Les intentions de Jair Bolsonaro de démanteler les protections environnementales sont assez claires depuis qu’il est à la tête du gouvernement. Pour autant, la scène politique internationale et les défenseurs de l’environnement ont eu un soupçon d’espoir lorsqu’il a envoyé, mi-avril, une lettre au Président américain Joe Biden pour témoigner de son intention de mettre fin à la déforestation illégale d’ici à 2030. Lors du sommet virtuel des leaders climatiques organisé par les États-Unis, qui a réuni plus de 40 nations, Bolsonaro offrait une fois de plus des promesses séduisantes concernant la protection de l’Amazonie. Il annonçait vouloir doubler les fonds destinés à la surveillance de l’environnement. Nul ne se doutait qu’il allait trahir sa parole le jour même où il la formulée. Le journal d’informations Mongabay révèle que dans les heures suivants le sommet, Bolsonaro a approuvé le budget 2021 du Brésil, prévoyant une réduction annuelle de 240 millions de reals – soit 44 millions de dollars américains – pour le ministère de l’Environnement.
Les défenseurs de l’environnement affirment que ces réductions auront un effet dévastateur sur le programme national de surveillance de la déforestation. Elles auront aussi un impact sur la surveillance des niveaux de pollution, sur la contamination par les pesticides (dont le Brésil est le plus gros utilisateur au monde), sur l’exploitation minière illégale et sur le trafic d’espèces sauvages. Les dépenses de surveillance environnementale seront réduites à 83 millions de reals (15 millions de dollars), un budget considéré comme « absolument insuffisant » par Suely Araujo, spécialiste des politiques publiques à l’Observatório do Clima (un consortium d’ONG), et ancienne présidente de l’IBAMA, l’agence environnementale du gouvernement. L’institut Chico Mendes de conservation de la biodiversité (ICMBio), organisation fondée par le ministère de l’Environnement en 2007 qui supervise 334 des zones protégées du Brésil (couvrant 9,3 % du territoire national) et 20 % des voies navigables brésiliennes a également subi des réductions importantes dans le budget qui lui est alloué. Dans le même temps, les industries agricoles et forestières continuent d’être massivement soutenues par l’administration Bolsonaro.
La protection de l’environnement au Brésil dépend de l’argent versé au pays sous forme de dons par d’autres Nations comme l’Allemagne ou la Norvège. « Cet argent rendait le travail des organes environnementaux viable dans la mesure où il fournissait la structure pour l’inspection et la surveillance », a déclaré Elisabeth Uema, secrétaire général d’Ascema Nacional (l’association nationale des spécialistes de l’environnement) dans une interview à Mongabay. Seulement, elle explique que ces subventions internationales ont des règles strictes et exigent notamment des engagements, des critères de contrôle des dépenses et une surveillance étroite. « En supprimant ou en affaiblissant les conseils qui contrôlaient les projets bénéficiant de ces ressources, Bolsonaro a rendu l’utilisation de cet argent non-viable. Personne n’est assez stupide pour donner de l’argent au Brésil [pour la protection de l’environnement] et ne pas être en mesure de contrôler comment il est dépensé » a-t-elle ajouté.