🔻 La nouvelle stratégie du WWF pour des populations résilientes de thon

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Le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) a publié une stratégie mondiale visant à mettre en équilibre l’exploitation du thon à des fins alimentaires et comme source de revenus par pêcheries – aussi bien industrielles qu’artisanales – avec son rôle fondamental dans le maintien des écosystèmes.

« La pêche au thon fait partie de la relation complexe et multidimensionnelle que les hommes entretiennent avec l’océan ». Face à ce constat, le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) a publié sa stratégie mondiale visant à équilibrer l’exploitation mondiale du thon avec son rôle fondamental dans le maintien des écosystèmes. En effet, en nageant, plongeant, mangeant, déféquant et en mourant, il mélange les couches d’eau, stocke le carbone et assure le cycle des nutriments qui alimentent l’ensemble de la chaîne alimentaire océanique. Cela inclut les producteurs primaires de l’océan, le plancton, qui jouent un rôle crucial dans la production d’oxygène et la séquestration du carbone.

Le WWF met en avant la biologie complexe du thon et indique que par conséquent, le maintien des stocks à un niveau durable nécessite une intervention scientifique importante de la part des organisations régionales de gestion des pêches. Des recherches récentes mettent en évidence que les populations de poissons avec de nombreux individus matures et les pêcheries à biomasse – la quantité d’organismes vivants dans un lieu donné – élevée sont meilleures pour les stocks, la santé des océans et les communautés, et conservent les avantages sociaux et économiques pour les économies émergentes. Seulement, de nombreux stocks de thon présentent actuellement des niveaux de biomasse faibles, ce qui se traduit par un plus grand nombre de jeunes poissons, mais un nombre plus faible de poissons en capacité de se reproduire et de maintenir les stocks.

La stratégie élaborée par le WWF comporte deux axes principaux. L’ONG recommande dans un premier temps de renforcer la capacité des États côtiers à mettre en œuvre une exploitation plus équitable des ressources qui permettront la reconstitution de 40% de la biomasse du stock reproducteur (BSR) qui correspond au poids total de tous les poissons sexuellement matures de la population. La BSR de 40 % est un point de référence établi par certaines Organisations Régionales de Gestion de la Pêche (ORGP) comme un niveau sûr pour la gestion des pêches ou comme objectif de reconstitution. Pour atteindre cette cible fixée par la stratégie du WWF, il faut entre autres améliorer la gestion des engins de pêche mal réglementés tels que les palangres, les filets maillants et les dispositifs de concentration de poissons (DCP). Cela demande aussi de mettre en place des plans de gestion pour préserver les espèces en danger, menacées ou protégées comme les requins ou encore de rédiger des rapports sur la conformité du travail pour éradiquer les violations des droits de l’homme et améliorer la sécurité des conditions de travail.

Le deuxième axe de travail mentionné par le WWF est celui de l’engagement coopératif. Il s’agit ici de travailler avec les détaillants, les marchés et l’industrie de la pêche pour fournir et approvisionner les États en thon provenant uniquement de pêcheries qui reconstituent les stocks d’au moins 40 % de la BSR et qui sont transparentes et traçables. Cet axe requiert des politiques d’approvisionnement qu’elles prennent en compte la mortalité des espèces pour la réduire à zéro, qu’elles insistent sur la protection sociale des travailleurs en excluant les produits issus de l’esclavage ou de violations des droits de l’homme. Les politiques d’approvisionnement devront aussi intégrer la traçabilité et la transparence.

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