Les papillons ont développé une technique de pointe pour échapper aux prédateurs, avec une « claque » de leurs ailes pour les propulser rapidement, selon une étude parue mercredi 20 janvier.
Le vol saccadé du fragile insecte est en fait une merveille de l’évolution, selon l’étude de deux biologistes suédois, de l’Université de Lund. « Pour minimiser le risque de capture, les papillons décollent très rapidement et soudainement, et beaucoup volent d’une façon erratique et imprévisible« , a expliqué à l’AFP le Pr Per Henningsson. Avec son collègue Christopher Johannsson, il a levé le voile sur un mécanisme identifié en 1973 par un collègue danois, le « clap« , la claque que font les ailes du papillon en se refermant. Une étude ultérieure avait ensuite remarqué que les ailes de l’animal étaient flexibles, mais sans en mesurer l’utilité. Les scientifiques de Lund ont supposé qu’elle permet la formation d’une poche d’air au moment où les ailes se rejoignent, avant son expulsion sous forme de jet, un peu comme un soufflet. Et qu’à l’inverse, quand les ailes redescendent elles plient dans l’autre sens, augmentant ainsi la portance de la voilure du papillon.
Pour tester leurs hypothèses, les scientifiques ont d’abord visualisé le phénomène en soumettant à des essais en soufflerie des spécimens d’Argynis paphia, joliment appelé Tabac d’Espagne pour sa couleur dorée, explique l’étude parue dans Interface, revue de la Royal Society. Les images des turbulences provoquées par le mouvement des ailes ont confirmé que « le battement vers le bas fournit avant tout la portance et celui vers le haut l’impulsion vers l’avant« , dit le Pr. Henningsson. D’autres images ont permis ensuite de calculer la forme particulière que prenait l’aile du papillon.
Restait à en calculer l’effet, à l’aide de petits modèles, dont une paire d’ailes rigides en balsa, et une autre souple en latex, mimant l’effet de « poche » de celle des papillons. Au moment du « clap » l’aile souple augmente la force du jet de plus de 20%, et la manœuvre s’effectue avec presque 30% d’énergie en moins que l’aile rigide. Les biologistes de Lund pensent que leur découverte pourrait être utile aux inventeurs de mini-drones qui s’inspirent déjà pour certains du vol animal. Le mécanisme du « clap » avec des ailes souples « peut améliorer significativement l’efficacité (…) et donc l’autonomie » de ces appareils.