En Allemagne, l’usine Tesla attise les divisions entre écologistes (2 mn)

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Confortée par une décision judiciaire, Tesla a recommencé vendredi 21 février à défricher une forêt proche de Berlin pour construire son usine européenne de voitures électriques, dont l’existence même divise le mouvement écologiste en Allemagne.

Le soir du jeudi 20 février, un tribunal local a levé une suspension provisoire des travaux sur la nouvelle usine de voitures électriques de Tesla, prononcée samedi 15 février après le recours d’un mouvement écologiste contre la coupe de 90 hectares d’arbres qu’implique le projet. Outre la disparition de ces arbres, le collectif écologiste « Grüne Liga » (« Ligue Verte« ), à l’origine de cette requête, s’inquiète des effets de l’usine sur « l’approvisionnement en eau potable« , et « l’augmentation du trafic routier« . Autre grief du collectif : le constructeur américain ne dispose toujours pas de permis de construire définitif, qui est soumis à plusieurs procédures, dont une évaluation de l’impact environnemental du projet. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]

Après la signature du contrat de vente des terres entre l’exécutif régional et l’entreprise américaine en janvier, le constructeur a néanmoins été autorisé à commencer les travaux « à ses risques« , en attendant l’autorisation définitive des autorités. « Tesla doit se soumettre aux mêmes procédures que les autres entreprises« , protestait en début de semaine Grüne Liga dans un communiqué. Déjà mi-février, la presse du pays s’était fait l’écho des nombreuses obligations du constructeur en matière de protection de la faune, en particulier des fourmis et des oiseaux. Selon la Süddeutsche Zeitung, il doit ainsi déterrer de nombreuses colonies de fourmis pour les relocaliser plus loin.

Une grande partie du mouvement écologiste allemand s’est pourtant distancié de cette bataille judiciaire, au motif que l’usine de Tesla accélère la mutation du pays vers la mobilité électrique, jugée préférable aux moteurs à combustion. « Transformer une forêt de pins en champ de bataille pour le climat ne fait pas avancer la protection de la nature« , a ainsi tranché en début de semaine Oliver Krischer, vice-président du groupe Vert au Bundestag. « Il ne faut pas être toujours contre tout« , s’est également insurgé la sénatrice verte de Berlin chargée des affaires économiques dans le quotidien Die Welt. La principale association environnementale d’Allemagne, BUND, a également affirmé qu’elle « ne soutenait le blocage des travaux« , estimant que son rôle était plutôt « d’accompagner et évaluer de façon critique Tesla » pour « une véritable transition environnementale du transport« . Du côté des soutiens de cette requête, on trouve de nombreux mouvements écologistes de création récente, qui prônent des actions de désobéissance civile, c’est-à-dire illégales mais non violentes. C’est le cas de « Ende Gelände« , un mouvement qui occupe régulièrement des mines de charbon dans tout le pays pour protester contre la politique énergétique de Berlin, et qui a largement appuyé la Grüne Liga sur les réseaux sociaux.

S’inspirant de ces actions, plusieurs militants écologistes ont d’ailleurs grimpé sur des arbres destinés à être coupés par Tesla, pour bloquer les travaux. Plus globalement, le bilan « vert » de la mobilité électrique divise l’Allemagne, alors que le pays tire encore un tiers de son électricité du charbon, et que l’impact environnemental des batteries reste discuté. L’entreprise d’Elon Musk vise une ouverture dès 2021 de son usine, annoncée en grande pompe en novembre dernier, et une production annuelle de 500.000 automobiles à terme. Ce premier site Tesla en Europe permettra au groupe de fournir les marchés européens en batteries, motorisation et en véhicules, à commencer par les Model Y et Model 3. Tesla représente déjà 30% du marché européen de voitures électriques à batteries, d’après Matthias Schmidt, un analyste spécialiste de l’industrie automobile.

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