Les forêts tropicales, en particulier celles d’Afrique, n’ont pas récupéré après l’épisode El Niño de 2015-2016. La sécheresse marquée associée à cet épisode, succédant à une période de sécheresse en 2014, a conduit à une aggravation du déficit en eau dans la zone racinaire, et par conséquent à d’importantes pertes de carbone.
La sécheresse sévère et les températures extrêmes engendrées lors de l’évènement El Niño de 2015-2016 ont conduit à d’importantes émissions de CO2 dans l’atmosphère par la végétation, et donc une baisse des stocks de carbone dans la biomasse végétale. Avec le retour de conditions plus humides et des températures en moyenne plus basses au niveau des tropiques à partir de mi-2016, une production accrue de biomasse était attendue, avec un possible retour aux quantités de carbone de 2014.
Mais qu’en est-il en réalité ? Les chercheurs de plusieurs instituts français (INRAE, CEA et CNRS) ont utilisé un nouveau jeu de données issu de l’indice de végétation obtenu à partir des observations spatiales du satellite SMOS, pour évaluer l’évolution du stock de carbone dans la biomasse aérienne de la végétation tropicale sur la période 2010-2017. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Les résultats obtenus montrent que les pertes de carbone en Afrique représentent 56 % des pertes observées à l’échelle des tropiques pendant l’épisode El Niño (2015-2016).
Les chercheurs ont également observé que les stocks de carbone dans la biomasse aérienne de la végétation des tropiques ont fortement diminué au cours de la période 2014-2017. L’Afrique représente environ 70% de la perte nette globale, suivie de l’Amérique. Fin 2017, malgré un retour à des conditions climatiques normales, les stocks n’étaient pas revenus au niveau de ceux de 2014 à l’échelle des tropiques, avec des disparités locales : ils continuaient à diminuer en Afrique, se rapprochaient lentement du niveau de 2014 en Asie et en Amérique, et avaient retrouvé leur niveau de 2014 dans les zones tropicales arides. Que les zones soient ou non déforestées en Asie et en Amérique, la dynamique est similaire. En revanche, la perte de carbone est supérieure dans les zones non déforestées. Ces pertes en Afrique pourraient s’expliquer par la diminution de la réserve en eau des sols, liée aux effets cumulés de faibles précipitations et d’une évapotranspiration accrue, en particulier dans le nord de l’Afrique tropicale.
Ces résultats montrent que les sécheresses et El Niño – phénomènes qui risquent de s’intensifier – ont des répercussions à long terme sur la vulnérabilité des stocks de carbone dans les régions tropicales. Leurs successions pourraient avoir des effets cumulatifs dramatiques sur l’assèchement de la zone racinaire et, par répercussion, sur les pertes de carbone dans la biomasse aérienne de la végétation.
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